Elections à Madagascar, Togo et RDC : Anxiété, violences et crises postélectorales en paysage

Elections à Madagascar, Togo et RDC : Anxiété, violences et crises postélectorales en paysage

3 élections qui se suivent pour cette fin décembre 2018, toutes estampillées «danger», pour des raisons diverses, qui ont en partage pour trame, la dure volonté des populations de goûter enfin à la mobilité politique, à l’alternance. De Madagascar au Togo en passant par la RDC, tout reste volatile, et le pire esr redouté.

Madagascar : Revanche entre 2 Jedi dans l’océan indien

Ce 19 décembre, c’est deux ex-présidents qui vont livrer bataille pour reconquérir un fauteuil que chacun a perdu, il y a quelques années. Marc Ravalomanana, élu en 2002, puis en 2007 a du céder sa place à Andrey Rajoelina, en 2009. Celui qui se présentait comme le PDG de Madagascar inc, voulait effectivement gérer la Grande île comme sa boîte de fabrique de lait où il fit fortune. Il ne manque pas d’atouts car il a l’Eglise avec lui, et les régions des plateaux autrement dit, le Madagascar profond et rural votent pour lui. Normal, car en tant qu’agroindustriel, Marc Ravalomanana a été en contact permanent avec ces paysans.

Poussé à la porte par la rue, sous l’instigation de Rajoelina, «un coup d’Etat» selon d’autres, Marc rumine sa revanche.

Même sentiment d’ailleurs chez son tombeur «TGV» expert en communication dont le passage à la tête de l’Etat en 2009, lui aura permis de faire fortune, et de s’implanter électoralement à Tana, la capitale.

Deux ex-maires de la capitale malgache, deux ex-présidents qui se toisent électoralement ! Qui de l’industriel agronome ou du communicant ‘’TGV’’ aura l’onction des Malgaches ce 19 décembre ? Difficile de dire de façon tranchée, tant les deux duellistes de cet ultime round électoral possèdent à peu près les mêmes chances, avec un petit avantage pour Rajoelina. La palabre cathodique de dimanche 10 décembre dernier où on a assisté à des escarmouches verbales qui ont éludé les programmes des 2, a fait place au second duel télévisuel hier 17 décembre, à un débat plus policé, même si affleurent quelques rancunes.

Les craintes des violences se sont un peu estompées, après l’abandon des recours par Ravalomanna, et à ce qu’on dit l’exil, les traversées du désert, qui ont frappé chacun des 2 challengers, les ont un peu assagi, et il semble que le jadis «autoritaire» Ravalomanana et le «teigneux» Rajoelina ont promis chacun d’être sage, d’accepter les résultats des urnes, pour peu qu’ils reflètent la volonté des électeurs.

Mais attention cependant, quand deux hommes qui, depuis des années veulent en découdre et ont pareille occasion, toute promesse et tout vœux peut s’effacer devant le doux nectar qu’on appelle pouvoir. L’angoisse n’est donc pas totalement absente, sur cette Grande île de l’océan indien, avec ce face-à-face des 2 ‘’Jedi’’.

Togo : une post-position qui met le feu aux poudres

Des législatives décidées et maintenues de façon unilatérale pour le 20 décembre 2018, par un pouvoir et boycottées par l’opposition regroupée au sein de C14, une coalition de 14 partis politiques. Des manifestations réprimées dans le sang, avec plusieurs morts, prolongements des marches débutées en août 2017 par un nouveau visage de l’opposition depuis Sokodé, son fief : Tikpi Atchadam. Des scènes de remake des législatives de 1994, et d’octobre 2007, faites de guérillas urbaines, de sorties des séides officiels et officieux du pouvoir qui tirent à balles réelles sur des manifestants comme des lapins, des jets de lacry, avec un pays au fond divisé, et l’impossibilité de trancher un nœud gordien, et dont même certain chefs d’Etat en aparté reconnaissent le bien-fondé et surtout comme le début de la solution au problème togolais : les mandats présidentiels, que le patriarche Gnassingbé a pris soin de laisser ouvert, refermé par le fils, qui veut se l’appliquer à lui-même. Normal dans le principe, la loi disposant pour l’avenir et si l’article 59 de la constitution doit s’appliquer, c’est pour les prochains baux à Lomé 2. Mais, mais les 40 ans au pouvoir du pater familia, plus les 15 ans du jeune légataire Faure,  ajoutés aux 10 autres qu’il aspire à avoir, gênent aux entournures, et horripilent les Togolais qui ont le droit légitime à une alternance, sans les Gnassingbé. Pourquoi post-poser ces législatives avant les réformes institutionnelles et constitutionnelles ?

Depuis le fameux accord de 2006, avec ses 22 engagements, en fait, rien n’a véritablement changé, et de réformettes en palabres inutiles et trompeuses, ces législatives sous haute tension risquent de creuser encore la béance du trou qui sépare les Togolais. Et hélas, il faut craindre pour l’avènement du chaos.

RDC : Encore 6 longues journées

A 6 jours de la double consultation en RDC (présidentielle et législatives) nulle  pythie, nul oracle ou congologue chevronné ne peut se targuer de prédire ou prévoir ce que sera ce 23 décembre au pays de Lumumba, ni ce qu’il adviendra, les jours-d’après.

Depuis décembre 2016, date de forclosion constitutionnelle du mandat de Kabila fils, tous les subterfuges ont été utilisés par le pouvoir, de la répression au ‘’glissement’’ jusqu’à cette candidature par procuration portée par Ramazani Shadary pour que le gouvernail ne change pas de main.

A contrario, les Congolais, l’opposition et l’Eglise se sont mis débout comme un seul homme, pour barrer la route à cette monarchisation du pouvoir, pour qu’advienne enfin une alternance et une alternative, même bancales, avec l’Accord de la Saint-Sylvestre et la tenue de ce scrutin ce 23 décembre 2018.

La campagne qui bat son plein depuis plusieurs semaines déjà a montré des politiciens congolais obnubilés par l’apparat et l’argent, et la conquête du pouvoir, que par le quotidien de leurs compatriotes. Entre discours démagogiques, anathémisations, attaques ad hominem et violences avec victimes, la campagne augure déjà de scrutins crisogènes, voire conflitogènes.

On est enclin à le croire que ces votes se font presque à huis-clos, sans véritables observations indépendants, et surtout avec des forces disproportionnées entre le pouvoir et les oppositions, qu’il y a péril en RDC.

Moulés à la sauce mobutiste, lumumbiste et Kabiliste, les Congolais ont vu défiler des politiciens qui se ressemblent à la différence qu’il y a d’un côté les tenants du pouvoir et l’autre, ceux qui courent après ce pouvoir.

Si la galaxie kabiliste use de tout, y compris par la force pour conserver le pouvoir, l’opposition avec ses divisions n’aura pas montré un meilleur visage, même si la coalition Lamuka, semble être restée dans ses principes et revendications. Une seule chose est certaine, au fur et à mesure que s’approche le 23 décembre, l’atmosphère sera encore plus anxiogène, les coups bas plus pernicieux et peut-être des violences plus exacerbées. Cela durera encore 6 jours. Et même après ?

Sam Chris

COMMENTAIRES

WORDPRESS: 0
Aujourd'hui au Faso

GRATUIT
VOIR