Elections au Burundi : Jours tranquilles à Bujumbura

Elections au Burundi : Jours tranquilles à Bujumbura

Faiblesse du coronavirus (15 cas et un décès), violences quotidiennes avec des cadavres de jeunes de l’opposition retrouvés hebdomadairement, intimidations du principal challenger du dauphin du général Evariste Ndayishimie, déroulements sans heurts hier 20 mai des élections législatives, communales et de la présidentielle, le Burundi peut se targuer d’avoir encore fait ce qu’il voulait et contre l’avis de la communauté internationale.

 Scrutin dans une atmosphère de peur, scrutin au forceps préparé minutieusement depuis le référendum constitutionnel controversé de 2018, scrutin sans cette dose d’indétermination puisque l’identité  du gagnant se dessinant déjà depuis des mois : «l’héritier», le général Ndayishimie, 52 ans, ex-rebelle du FDD des années 90, sera le remplaçant de Pierre N’Kurunziza, que les 5 millions d’électeurs le veuillent ou non !

Malgré qu’Agathon Rwasa ait surpris le pouvoir, qui le croyait «fini», ce dernier ayant fait un va-et-vient  en tant que vice-président, malgré qu’il lui avait «pris» son parti le CNL, et surtout malgré les tueries et violences diverses de ses partisans, l’opposant n°1 a pu massifier son parti et réussi une campagne qui a donné de l’urticaire au CNDD/FRD, il lui a tenu la dragée haute.

Mais c’est peine perdue, sauf si le système qui régente d’une main de fer ce pays depuis 15 ans avec le 3e mandat obtenu au prix de sang versé, de cadavres jonchant le Burundi, et l’exil de nombreux burundais, sauf donc si ce système s’effondrait.

Et sur ce plan, les Burundais ne peuvent pas rêver. Avec des votes multiples, des bourrages d’urnes, des urnes fictives, l’absence d’observateurs nationaux et internationaux, la coupure des réseaux sociaux, c’est tout un forcing pour que «le président désigné», allusion au célèbre film «survivant désigné» soit le prochain locataire de Gitega (siège de la présidence).

La grande question est de savoir si le général Evariste Ndayishimie sera plus souple, plus malléable plus «démocratique» que Pierre N’Kurunziza. Le militaire plus démocrate que le pasteur-président-sortant mais non encore sorti ? On le dit mais c’est à l’épreuve du pouvoir, qu’un homme se révèle. Sur quels lendemains vont se réveiller les Burundais ? Sans doute sur le changement dans la continuité !

Ou plutôt une continuité kaki, avec cette fois-ci, un militaire qui tient le gouvernail ! Pas par procuration ! Toujours est-il qu’à l’évidence les populations de ce pays des Grands Lacs n’ont pas fini de souffrir le martyr. Un peuple martyrisé par ses dirigeants, ce n’est pas une découverte pour les burundais dont beaucoup en exil, des hommes politiques, des journalistes, croient tôt ou tard à la fin du joug. Par quels moyens ? Réveiller les démons de 1993 ? Dur, dur d’être gouverné par des dirigeants qu’on n’a pas choisis, et qui vous font voir des verts et des pas mûrs.

 

La rédaction

COMMENTAIRES

WORDPRESS: 0
Aujourd'hui au Faso

GRATUIT
VOIR