Elections du 30 décembre en RDC : La malédiction du cycle du serpent

Elections du 30 décembre en RDC : La malédiction du cycle du serpent

Hier 23 décembre 2018, c’était un rendez-vous crucial manqué pour les Congolais. Pourtant les raisons d’optimisme contrebalançaient celles crisogènes, car depuis l’Accord de la Saint-Sylvestre qui a enfin pu arrêter la date des élections générales, les Congolais avaient ces votes à fleur de peau et rongeaient leur frein de se rendre aux urnes, d’autant plus que malgré les actes dilatoires du pouvoir, les partisans de l’alternance, croyaient dur comme fer, que le temps du changement était venu avec ces deuxièmes véritables élections libres après celles de 2006. Ils devront trépigner encore pendant une semaine. Cap sur le 30 décembre donc, car, c’était sans compter avec le riant, mais madré Corneille Nanga, qui après l’incendie qui fit partir en fumée, machines à voter suspectes, clefs USB et autres paperasseries électorales le 12 décembre, c’était sans compter avec le patron de la CENI qui n’en continua pas moins à rassurer, à «taper sa poitrine», que les scrutins du 23 décembre restent maintenus, alors que c’était du «pipo»

Et voilà qu’à jour J-3, la même CENI se rendit brusquement compte que l’autodafé des magasins de la CENI, rendait techniquement impossibles les votes.

En RD Congo, depuis l’abbé Appolinaire Malu Malu du haut de ses 1,60m lors des élections de 2006, jusqu’à Corneille Nanga en 2018, les présidents de la CENI ont toujours joué un jeu trouble. L’homme de l’Eglise Malu Malu, avait l’heur de déplaire et au clergé, et à l’opposition, car supposé rouler pour Kabila fils. L’actuel semble être aussi un pantin aux mains de marionnettistes nichés au cœur du pouvoir, et ces 7 jours de prolongement, n’auraient suscité aucun commentaire si avant ça des mesures et actions gravissimes n’avaient émaillé cette campagne électorale :

– tracasseries diverses envers le candidat de Lamuka, Martin Fayulu, qui vont de l’interdiction de tenir meeting, à des violences contre ses militants ;

– suspension de la campagne électorale ;

– report des élections au 30 décembre sans pourtant prolonger la campagne.

D’aucuns diront que c’était trop beau pour être vrai, et en réalité, jusqu’à ce qu’on soit dimanche 23 décembre, analystes et congologues redoutaient un énième coup de Jarnac du locataire du palais de la Nation, qui reste le vrai maître de cette comédie d’ombres.

Ce report pour technique qu’il soit n’en cache pas moins des calculs politiques, et avec le comportement du FCC, on reste de plus en plus habité par un doute : le pouvoir craignait que son champion Ramazani ne connaisse une cuisante bérézina électorale, au soir du 23 décembre.

il fallait donc trouver la parade pour réajuster les choses, contrer une opposition qui s’affichait comme une force d’alternance. D’où cet incendie bizarre des dépôts de la CENI, dont le conseiller diplomatique de Kabila, fut le premier à en donner la primeur.

Car si l’impréparation technique de la CENI causée par cet incendie ne pouvait pas être résolue pendant les 3 jours impartis jusqu’au 23 décembre, on voit mal comment une semaine sera suffisante pour le faire.

Il est donc à parier que ce 30 décembre, les Congolais iront aux urnes, avec de nombreuses inconnues concoctées par le pouvoir, des élections qui exhaleront le trucage et le bidonnage par les machines à voter, paramétrées pour faire gagner le pouvoir. Encore que Kabila qui a violé tout ce qui est violable peut encore reporter ces scrutins pour obtenir son second « glissement».

Et si élections il y aura ce 30 décembre, les résultats des urnes risquent de ne pas refléter ceux publiés, les électeurs seront floués de leur vote, et s’en suivront des recours, des interdictions, des violences et des massacres, dans un pays qui, depuis 2015 paie un lourd prix de sang, pour quitter ce que Thierry Michel, le cinéaste belge (l’auteur de: Mobutu, roi du Zaïre, et de Denis Mukwengé, le reparateur de femmes) a nommé le cycle du serpent, une sorte de malédiction qui condamne les Congolais à ne pas pouvoir choisir leur dirigeant, à ne pas maîtriser leur avenir. Un reptile, animal à sang froid dont la mue parait impossible. Tout cela parcequ’otages du clan Kabila, qui usera de tout pour conserver ce pouvoir, dont il a hérité depuis 17 ans à la suite de l’assassinat de son Mzee de père l

Zowenmanogo ZOUNGRANA

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