Velléités sécessionnistes au Sud à Sidama depuis 2019, Tigré à feu et à sang depuis le 4 novembre 2020, jour où le premier ministre Abiy Ahmed a décidé de mâter le mouvement insurrectionnel, le TPLF qui a refusé de se saborder dans le parti de la prospérité, (formation unifiée d’Abiy), plusieurs villes à tension papable, c’est dans ce contexte que se sont déroulées les élections législatives locales et nationales hier 21 juin en Ethiopie. Si le corps électoral compte bien 37 millions d’inscrits sur une population de 110 millions, nombreux sont ceux qui n’ont pas pris le chemin des isoloirs, préférant attendre la session de rattrapage de septembre, à cause de problèmes juridiques, organisationnels, mais surtout sécuritaires.
Si le jeune premier ministre Abiy Ahmed désigné en 2018 par la coalition qui a toujours dirigé le pays l’EPRDF, il sait qu’il est un OVNI politique de par son origine : Oromo. C’est d’ailleurs de cette famille ethnique oromo, et les Amhara que les premiers couacs sont advenus. Ouverture des capitaux des grandes entreprises, libertés politiques et d’opinions, … les premières mesures d’Abiy vont dans le sens de l’apaisement, sauf, sauf que très rapidement des différends vieux de plusieurs décennies étouffés sous le Negus rouge (Hailé Mengistu) et Melès Zenawi refont surface. Puis la coupe s’avère pleine en juin 2020 avec l’assassinat du chanteur populaire oromo Hachalu Hundessa, et la totale avec la guerre à huis-clos dans le Tigré à partir de novembre 2020.
Donné super favori à ce scrutin, Abiy Ahmed semble assurer de rafler la mise avec son Parti de la Prospérité, mais il sait qu’il joue gros. Outre ce vote qui fut tout sauf paisible, les observateurs de l’UE ayant annulé leur participation, seule l’UA, a joué au surveillant et son observateur en chef, l’ex-président nigérian Olesegun Obasanjo a loué la qualité par rapport aux votes précédants son impact demeure inconnu.
Géostratégique, transverselle à tous les grands pays avec lesquels il a une coopération multilatérale poussée, l’Ethiopie ne laisse guère indifférente. Vouloir se donner une légitimité qu’il n’a pas est … légitime, si on peut se permettre cette tautologie, n’empêche, que le Nobel éthiopien joue gros. S’il gagne, hypothèse probable, il devra pacifier le pays, résoudre le brûlot tigréen et consolider son parti, en essayant d’intégrer le TPLF. Vaste programme. S’il échoue, ce sera difficile de résister à ce poste. Mais ce Nobel-chef-de-guerre, rêve-t-il vraiment d’une Ethiopie pacifiée ? «Notre problème n’est pas d’avoir une unité de l’Ethiopie, mais une Ethiopie qui est la force de la corne de l’Afrique». Tout est dit dans ce bout de phrase.
Sam Chris
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