Elections gouvernorales en RDC : La barque de Tshisekedi tiendra-t-elle ?

Elections gouvernorales en RDC : La barque de Tshisekedi tiendra-t-elle ?

En République démocratique du Congo, les résultats des élections des gouverneurs ne tournent pas en faveur du président élu, Félix Tshisekedi. Son « allié » ou son « partenaire » Joseph Kabila est en train de faire une razzia des voix et des sièges dans les assemblées provinciales. Le Front commun pour le Congo (FCC) ne fait pas dans la dentelle et ne laisse pas grand-chose au camp du Chef de l’Etat. Haut-Uéle, Maniema, Lulaba, Tanganyika tombent dans l’escarcelle de Kabila. Le FCC l’emporte aussi dans le Kwilu et le Kasaï.

La domination du FCC à l’Assemblée nationale s’est donc étendue aux provinces, plaçant désormais le capitaine du bateau congolais dans une situation bien étriquée et dans une poche bien exiguë.

Cette réalité des urnes intervient alors que les premiers échanges « d’amabilités » naissent entre les deux camps. En voyage aux Etats-Unis d’Amérique, Félix Tshisekedi a affirmé devant les concitoyens de l’Oncle Sam, droit dans ses bottes, qu’il était venu à la tête pour « déboulonner » le système mis en place par Joseph Kabila. Rien que ça !

Une sortie que n’ont pas du tout digérés les partisans du fils de Kabila. Ils lui ont porté la réplique, traitant ses propos de « militants » et lui rappelant en des mots couverts que son accession au pouvoir est à quelque part due à un œil quelque peu bienveillant de celui qu’il dit vouloir déconstruire aujourd’hui.

Mais, de retour au pays, le président congolais a repris de volée la  déclaration du FCC, réaffirmant toujours stoïque qu’il était bien là pour déraciner l’ancien système afin d’en couper les racines vénéneuses gorgées de corruption, de gabegie et de violences faites aux opposants.

L’on peut bien se demander qu’est-ce qui peut bien faire courir Félix Tshisekedi. On se souvient qu’alors que la proclamation des résultats de la présidentielle, qui le donnaient vainqueur, était toujours fumante, c’est bien lui qui a levé les deux bras en l’air en guise d’apaisement et de bouclier pratiquement contre les projectiles qui fusaient vers Joseph Kabila. C’est à ce moment-là que l’expression « partenaire politique » avait été lâchée et qui avait hébété bon nombre d’observateurs et de partisans qui ont suivi l’épopée de Tshisekedi père contre Kabila fils et qui  croyaient logiquement que le même chemin allait être suivi par le fils.

Ces déclarations qui tombent aujourd’hui auraient paru moins incongrues à cette époque-là. Mais en ce moment précis, elles sont vêtues de la même tenue contradictoire. Etait-ce une stratégie de Tshisekedi pour mieux s’asseoir avant de lancer la salve d’hostilités ? Est-ce la manifestation du tangage déjà de l’attelage entre les deux partenaires ? Est-ce une autre pirouette fumeuse pour mieux enfariner tout ce beau monde qui regarde quelque peu incrédule ce qui se passe en RDC ? Ou Tshisekedi a-t-il finalement et simplement compris que la cohabitation avec Kabila dans la même boîte de sardine était impossible et qu’il lui fallait faire des appels d’air ?

Quoi qu’il en soit, les jours de cet attelage étaient quelque peu comptés. Car, il est clair qu’il ressemble à une relation entre un parasite et un parasité. Le premier attendant se servir du second pour reconquérir le fauteuil présidentiel qu’il ne pouvait pas garder éternellement. Il reste maintenant à savoir si ce jeu de rôle s’inversera ou continuera dans sa configuration d’origine jusqu’à la prochaine présidentielle.

Ahmed BAMBARA

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