Elections législatives inclusives au Bénin : Talon tolère le retour à la «démocratie-anarchie»

Elections législatives inclusives au Bénin : Talon tolère le retour à la «démocratie-anarchie»

Hier 8 janvier 2023, les Béninois sont allés dans les isoloirs pour élire 109 députés, ce qui aurait été presque un parcours politique de routine dans ce pays à tradition démocratique, sauf que pour ces élections, c’est la première fois que l’opposition y prend part depuis 2019. Il y a 4 ans en effet, face à la volonté du président Patrice Talon d’expurger  de cette «démocratie anarchie»  ses tares, avec les lois sur le parrainage et l’exemplarité fiscale (obtenir la fameuse attestation fiscale pour tout parti) face à ces corsets de rectification, l’opposition avait boycotté les députations, avec comme conséquences une Assemblée nationale assimilée à l’échos du pouvoir.

Bis repetita le 11 avril 2021 à la présidentielle à laquelle Talon obtint un second bail pour le palais de la Marina.

Pour ces élections 2023 afin de doter l’hémicycle de nouveaux députés, les Béninois ont maintenant le choix entre les partis se réclamant du pouvoir et 3 de l’opposition. C’est un tournant à 90° pour le président business-man, de 64 ans qui a pris le «risque d’être «impopulaire en voulant soigner  cette démocratie trompe-l’œil», vieille de 30 ans créditée d’une bonne image de l’extérieur selon lui mais en réalité une anarchie qui ne dit pas son nom. Les 278 partis ou alliances de formations politiques pour 12 millions d’habitants, les 83 députés représentant 50 partis à l’hémicycle, qui étaient là en 2015 étaient «un assemblage hétéroclite d’intérêts divergents qui ne s’entendent qu’au prix de la compromission et de la corruption». Selon Talon lui-même, une démocratie qui ne pouvait donc pas secréter la bonne gouvernance et les conditions d’une démocratie réelle.

Exit cette cour du roi Petaud, et voici aussi venus les jours de la CRIET (Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme) pour nettoyer les sales écuries de cette démocratie désordonnée. Sus aux opposants Joël Aïvo et Rekya Madougou, qui croupissent en prison condamnés par la CRIET. Exil pour Sébastien Adjavon, Komi Koutché…

Depuis 2016,  date de son arrivée au pouvoir, la démocratie version Talon se veut celle avec peu de partis, ses adversaires diront des partis à sa botte, des lois très dures contre les opposants et les journalistes, et surtout des élections très fermées.

Hier, il y a donc eu avec la présence de ces 3 partis ou formations politiques de l’opposition, une porte entrebaillée de la part du président Talon qui permet à des adversaires politiques de remettre les pieds au parlement. Les Béninois ont sans soute apprécié, même si l’affluence n’était pas au rendez-vous, car il y a loin la présence de ces 3 partis à la compétition au retour de la démocratie, millésime ex «quartier latin».

Talon sans doute, veut tout reformer, une démocratie et son pays qu’il juge livrés au désordre, mais son approche a été décriée tant à l’intérieur qu’à l’extérieur, car la démocratie a beau être imparfaite, ce sont les élections multipartites et la régularité de celles-ci qui sont entre autres les fondements de ce mode de pouvoir.

Ces élections «pluralistes» d’hier sont-elles le prélude à une totale ouverture du champ politique aux opposants ? Va-t-on assister à une libération des leaders politiques emprisonnés ? Certaines questions trouvent des réponses, car c’est au vu du score (le dépouillement ayant commencé depuis hier soir) que feront ces partis 3 de l’opposition que la météo politique pourrait encore s’éclaircir et même guider Talon dans ses prochaines décisions.

La REDACTION

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