Le ping-pong se poursuit entre la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP) et l’Etat de Côte d’Ivoire. Au lendemain de l’appel lancé par le tribunal d’Arusha invitant le gouvernement ivoirien à lever tous les obstacles à la candidature de Guillaume Soro, le gouvernement ivoirien à travers son porte-parole a réagi à cette ordonnance.
Au sortir du Conseil des ministres d’hier mercredi 16 septembre 2020, Sidi Touré, s’est prononcé sur la décision de la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples, qui ordonne la réintégration de l’ancien président du Parlement, Guillaume Soro, dans la course au fauteuil présidentiel.
Selon sa déclaration, l’Etat ivoirien ne se sent pas concerné par la réintégration de Guillaume Soro et ne reconnait aucune instance judiciaire, outre que le Conseil constitutionnel.
«Le gouvernement n’a pas de réaction sur les décisions judiciaires. Nous ne nous sentons pas concernés par cette question. Nous l’avons suffisamment affirmé au cours d’une déclaration précédente. Il faut aussi relever que l’instance judiciaire que nous reconnaissons, c’est le Conseil constitutionnel», a déclaré Sidi Touré, porte-parole du gouvernement ivoirien. «Il faut éviter de penser que c’est l’extérieur qui doit nous imposer le rythme de fonctionnement de nos institutions», ajoute le ministre.
Mardi 15 septembre 2020, la CADHP a ordonné à la Côte d’Ivoire de surseoir à l’exécution de tous les actes pris à l’encontre du requérant Guillaume Kigbafori Soro, subséquemment à l’ordonnance du 22 avril 2020 jusqu’à la décision de la cour sur le fond de la cause. Aussi, a-t-elle demandé de prendre toutes les mesures nécessaires en vue de lever immédiatement tous les obstacles empêchant le requérant de jouir de ses droits.
Rappelons que le 29 avril dernier le gouvernement de la Côte d’Ivoire avait annoncé qu’il ne reconnait plus l’autorité de la Cour africaine des droits de l’Homme et des Peuples, évoquant «une grave perturbation à l’ordre juridique interne» et «une véritable insécurité juridique» émanant des décisions de cette entité panafricaine.
«A partir de ce jour, la Côte d’Ivoire a décidé de retirer sa reconnaissance de la compétence de la Cour africaine des droits de l’Homme», a déclaré une ministre lors d’une conférence de presse facilitée par le porte-parole du gouvernement. «C’est un exercice légitime de la souveraineté», a-t-elle précisé.
La veille, un tribunal ivoirien avait condamné l’ancien président de l’Assemblée nationale Guillaume Soro à 20 ans de prison pour détournements de deniers publics. Ni l’accusé ni ses avocats n’étaient présents au procès. Un verdict qui intervient une semaine après que la cour panafricaine basée à Arusha (Tanzanie) ait ordonné l’annulation des poursuites judiciaires contre Guillaume Soro, qui brigue la présidence de son pays.
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