Embaló, président de la CEDEAO chez Kaïs Saïed : Pour raisonner Robocop ?

Embaló, président de la CEDEAO chez Kaïs Saïed : Pour raisonner Robocop ?

C’est une visite qui fera date et qui laissera libre cours aux interprétations et polémiques. Au moment où la Tunisie à «l’appel de son président» fait subir les pires formes d’humiliations à des milliers de subsahariens qualifiés de migrants illégaux, et alors que plusieurs pays tentent de rapatrier leurs citoyens pris au piège, le président bissau-guinéen et président en exercice de la CEDEAO, Umaro Sissoco Embaló y a effectué une visite le mercredi 8 mars dernier.

Au terme de la rencontre qu’il a eue avec son homologue tunisien au palais de Carthage, il a déclaré que les propos du président Kaïs Saïed, sur les ressortissants d’Afrique subsaharienne ont été «mal interprétés». Pour Embaló, il est impensable que «la Tunisie, le pays de l’ancien président Habib Bourguiba, puisse être un pays raciste, qualifiant le tollé soulevé par les déclarations du président Kaïs Saïed de «mauvaise interprétation».

Quel sens donné à cette visite du président bissau-guinéen et président en exercice de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) Umaro Sissoco Embaló en Tunisie alors que des milliers de subsahariens sont victimes d’une dérive communautaire et raciale ? S’agissait-il pour lui de raisonner son homologue où entendait-il justifier ses propos ?

Au lendemain de ce voyage dont l’objectif semble avoir été  dévoyé, l’indignation et la colère suscitées par le sort réservé à des Africains sur une terre d’Afrique le disputent à l’incompréhension. Comment face à l’ignominie en cours dans ce pays et malgré le chapelet de dénonciations qu’elle a  suscitée, Embaló tente-t-il de minimiser l’impact des propos de son homologue tunisien ? Plusieurs observateurs y avaient perçu une opération de déminage, mais la sortie de route dont s’est rendue coupable l’hôte de Robocop, est tellement flagrante qu’il faut vite oublier la teneur de ce point de presse conjoint.

Dans une déclaration, l’Union Africaine par la voix de son président, Moussa Faki Mohamed a dénoncé cette «dérive» et appelant à la cessation des exactions. A travers cette escale du 8 mars, il a clairement pris le contre-pied de l’UA. Quelle compréhension auront les Subsahariens jetés dehors avec bagages, battus comme des bêtes de sommes et contraints (pour les plus chanceux) depuis le 21 février dernier (date du discours controversée), de se terrer chez eux pour échapper à la vindicte populaire de ces «plates» justifications du président Embaló ?

On se serait réjouis, si des actions avaient été entreprises pour protéger les ressortissants jetés en pâture par un président en quête de la bonne formule pour «taire les contestations» engendrées par la conjoncture. Mais après ce qui a été donné d’observer, il est difficile voire impossible de «ranger» ces déclarations au chapitre des propos sortis de leur contexte ou mal interprétés. Kaïs Saïed a bel et bien appelé à «casser» du migrant et les faits sont têtus. Il convenait donc de les assumer et d’adopter une attitude de mea culpa que de jouer la carte de l’absolution.

Davy Richard SEKONE

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