Emmanuel Ramazani, candidat du pouvoir en RDC : «Monsieur coup sur coup», le Medvedev de Kabila

Emmanuel Ramazani, candidat du pouvoir en RDC : «Monsieur coup sur coup», le Medvedev de Kabila

Joseph Kabila va se conformer à la constitution, à l’Accord de la Siant-Sylvestre : il ne briguera pas un autre mandat, son bail est forclos par la loi. C’est le principal message envoyé hier avec le dévoilement du nom du candidat de la majorité : Emmanuel Ramazani Shadary. L’ontologie du mystère s’est quelque peu estompée. Le fils du Mzee aura donc surpris plus d’un qui croyait qu’il  n’a pas usé de tous les stratagèmes tel le «glissement», tué, emprisonné, et défié la communauté internationale pour céder la place à un autre. Même si c’est sous les coups de boutoirs de la même communauté, et des Congolais, il s’est plié à la constitution. La suite, ce sera une autre histoire.

Exit donc Aubin Minaku, «dauphin naturel», de Kabila, Adolphe Muzito, et autre Matata Ponyo Mapon, ex-Premier ministre et technocrate, tous abonnés ces dernières semaines à la ferme personnelle de Kingakati de kabila pour chercher le mouton à 5 pattes qui compétira sous les couleurs du  Front commun pour le Congo (FCC), le conglomérat présidentiel. Voici venus les jours de Emmanuel Ramazani Shadary. Hier, 8 août, avant l’échéance de l’heure, Kabila a donc tranché dans le vif : ce sera le secrétaire permanent du PPRD, le parti présidentiel, qui essayera de s’asseoir sur le fauteuil de Kabila, par les urnes le 23 décembre prochain. Celui-là même qui  devait superviser les élections dans le camp présidentiel est donc «l’oiseau rare».

On aurait pu lâcher, tout ça pour ça, c’est-à-dire toute cette réunionite, ces jeux de cache-cache, ce suspens savamment entretenu qui distillait la circonspection quant aux réelles intentions du chef de l’Etat pour exhiber son nom ! En somme, ce nom sorti du chapeau à la dernière minute, tout le monde s’attendait à ce qu’il s’appelle… Kabila Junior, malgré la clause constitutionnelle, qui lui barre le chemin de ce 3e mandat, tant désiré.

Cependant, si le pouvoir a mis tant de temps, du sérieux, pour arriver au choix de Ramazani Shadary, ce n’est pas pour amuser la galerie, loin s’en faut. Ce casting n’est pas le fruit du hasard car Kabila à défaut de se présenter et de gagner lui-même, tenait à donner toutes les chances, à l’homme idéal qui le pourra, et qui sera comme un Kabila-bis.

L’option de l’ex-monsieur securité obéit donc avant toute chose, à la logique machiavélique, qui veuille que la fin justifie les moyens :

passons sur la nébuleuse machine à voter, dont Ramazani est l’instigateur, et dont l’application à cette présidentielle est la porte ouverte à toutes les tricheries électorales.

«Monsieur coup sur coup», comme on l’appelle en RD-Congo doit cette ascension à la matraque et à la canonnière, qu’il usa contre les manifestants anti-Kabila, autant dire que c’est une des faces hideuses du pouvoir qui a été préférée, car c’est avec une plume trempée dans le sang des Congolais que s’est écrit en partie le pédigrée de Ramazani. Il incarne donc la machine répressive du régime.

Ramazani est dans le civil un peu le pendant du général Numbi, et incarne l’aile des faucons du sérail kabiliste. Ce passé de Bad Cop l’a d’ailleurs rattrapé sous l’aspect de sanctions de l’UE en 2017. Côté caractère et conception du pouvoir, Ramazani est comme un frère siamois de Kabila dont il a la confiance totale. L’heureux impétrant ne reculera devant rien à cette présidentielle, pour assurer sa victoire, disons la victoire de son maître car il connaît les arcanes du pouvoir, et le doigté pour la répression. il n’a pas été choisi pour rien par Kabila, ou pour paraphraser Tiken Jah Fakoly, il n’est pas là pour rien !

Alors attention du côté de l’opposition, qui pourrait voir l’homme-lige de Kabila, le côté fayot de Ramazani oublieuse, qu’il ne manque pas d’aspérités rugueuses dont a souffert cette opposition. En outre, il aura l’ombrageux Kabila et toutes ses ressources et ressorts derrière lui. il jouera son rôle de Medvedev jusqu’au bout, et le député de Kambambaré se battra. L’irrésistible ascension de l’enfant du Maniema est en branle, pour peu qu’il sache être rassembleur, notamment qu’il fasse la paix avec Matata Ponyo, issu de la même région que lui.

Fin d’année 2018 de soupirs, de sueur voire de sang, bref année Orwelienne pour l’opposition ? Oui si elle va en désordre de bataille, en s’étripant en palabre d’égo et de préséance.

En tout cas, Kabila a trouvé son Medvedev, reste, à l’installer sur le fauteuil qu’il laissera chaud au palais de la Nation.

Le petit Machiavel de la Gombé a déjà son plan. Marchera t-il ?

Sam Chris

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