Emmerson Mnangagwa au Matabeleland, 40 ans après Gukurahundi : Vraie catharsis ou enfumage  politique ?

Emmerson Mnangagwa au Matabeleland, 40 ans après Gukurahundi : Vraie catharsis ou enfumage  politique ?

On dit que le criminel retourne tôt ou tard sur les lieux de son crime. Comment expliquer qu’Emmerson Mnangagwa, compagnon de Robert Mugabe retourne au Matabeleland, 40 ans après avoir sévi (en compagnie du redouté d’alors Solomon Mujuru) dans cette province contre l’ethnie Ndebele ?

Le «crocodile, surnom du président zimbabwéen peut-il oublier l’opération Gukurahundi, «la pluie précoce qui disperse l’ivraie» en langue Shona ?  Non, car incendies, massacres et violences diverses avaient causé en 4 ans plus de 20 000 victimes. Des civils qui donnaient le gîte aux rebelles ne méritent aucune pitié, affirmait Mugabe, que ses bras séculiers dont Mnangagwa exécutaient cette basse besogne. Il était ministre de l’Intérieur. Un Matabeleland en fait qui paie de sang le fait d’être le fief de Joshua N’Komo, adversaire juré de Mugabe.

Que cherche ce dimanche 14 juillet 2024, plus de 4 décennies après, l’un des chefs de la 5e Brigade dans ce Sud-Ouest du Zimbabwe, dont les populations gardent toujours des plaies non cicatrisées de toutes ces meurtrissures ? Le pardon, la paix, la réconciliation… Réunir 72 chefs traditionnels qui vont présider «un pèlerinage vers la guérison» ! C’est la solution qu’il a trouvée. Chiche !

Mais ne faut-il pas au préalable d’abord que les bourreaux d’hier fassent acte de contrition, et après on verra ? Le président Mnangagwa veut la réconciliation et aussi soulager son cœur, belle initiative, encore faut-il aller jusqu’au bout ! Ce n’est pas autre chose que demande cette ethnie martyre Ndebele : les responsabilités et les compensations avant ce folklore pour amuser la galerie ou se donner fausse bonne conscience ! Dans ce Bulawago ancré dans la tradition, ces 72 chefs savent qu’il faudra apaiser les cœurs d’abord avant de faire quoi que ce soit.

Et qui mieux que l’actuel président Mnangagwa qui est retourné enjamber les vieilles tombes qu’il a semé il y a 40 ans qui plus que lui peut réussir cette œuvre de pardon ? Personne !

Et c’est le cas et Emmerson Mnangagwa devra faire plus, s’associer aux chefs traditionnels pour faire amende honorable à chaque famille des victimes, car même «Comrade» Bob, au crépuscule de sa vie avait reconnu que ce qui «s’est passé au Matabeleland fut un moment de folie». Mnangagwa devra donner l’exemple en posant un acte fort, qui va dans le sens de cette paix, et alors l’on pourra dire qu’il s’agit vraiment d’une catharsis libératrice qui est recherchée et non un enfumage politique.

La REDACTION

COMMENTAIRES

WORDPRESS: 0
Aujourd'hui au Faso

GRATUIT
VOIR