Enquête parlementaire sur le système de santé au Burkina : Près de 3,5 milliards de FCFA de matériels inutilisables

Enquête parlementaire sur le système de santé au Burkina : Près de 3,5 milliards de FCFA de matériels inutilisables

L’Assemblée nationale a procédé à la restitution d’une enquête parlementaire sur le système de santé au Burkina, ce mercredi 13 décembre 2017.

Le travail effectué par une commission, composée de 10 députés dont 6 de la majorité et 4 de l’opposition, présidée par le député Julien Koulidiati, a eu pour tâche de faire l’état des lieux de notre système de santé, d’identifier les irrégularités, d’analyser le système d’approvisionnement en médicaments et consommables biomédicaux, d’évaluer la conformité des écoles de formation en santé, afin d’établir des mesures correctives et recommandations. Du rapport de 900 pages, il ressort que suite à la mesure de la gratuité, les formations sanitaires doivent environ 16 milliards de FCFA à la CAMEG et que l’ensemble des formations a dépensé 3 454 771 912 pour l’acquisition de matériels inutilisables.

70 séances d’audition, les 13 régions du Burkina parcourues, 111 structures de santé visitées, c’est ce qui a permis à la commission d’enquête de produire un rapport de 900 pages, qui a été rendu public au cours d’une séance plénière.

 «Dans les pays en développent, la maîtrise du système de santé à travers le fonctionnement optimal des structures de santé est l’un des déterminants majeurs des facteurs pour assurer une bonne croissance économique», a rappelé le président de la commission, Julien Koulidiati.  Il a poursuivi que le Burkina s’est résolument engagé dans cette dynamique, afin d’assurer des soins de qualité à ses populations. En effet, avec une population de 19 340 397 habitants en 2016, un taux brut de mortalité de 11,8‰ habitants, un taux de mortalité maternel autour de 330 pour 100 000 habitants, un quotient de mortalité infanto-juvénile de 81,6 pour 1000 naissances vivantes et une espérance de vie d’environ 56,7 ans, ces indicateurs font de notre pays, un pays où le taux de mortalité est l’un des plus élevés au monde. «Si dans certains pays, le système de santé se veut être des processus dynamiques évolutifs, celui de notre pays se distingue par le dysfonctionnement lié à des insuffisances structurelles et organisationnelles et par des procédures et pratiques peu orthodoxes», a déclaré le député Koulidiati. Selon lui, l’insuffisance du plateau technique conjugué au non respect de la déontologie médicale conditionnent la mémoire collective des populations selon laquelle, certaines formations s’orientent vers l’enrichissement illicite. L’espoir suscité auprès des populations par la mise en place de la mesure de la gratuité au profit des femmes enceintes et des enfants de moins de 5 ans, entrée en vigueur le 2 avril 2016, est marqué par un désenchantement lié particulièrement à la rupture fréquente des stocks de certains médicaments. Cette situation oblige les bénéficiaires à supporter les coups des prestations. La gratuité a entraîné la formation sanitaire vers une dette de près de 16 milliards à la CAMEG. La vraie gangrène du système sanitaire burkinabè, à en croire la commission, est la SOGEMAB, société chargée de l’achat des appareils biomédicaux au profit des centres de santé. Des dires du rapporteur général, Noël Toé, les maux, tels la détention de matériels sous-exploités, la surfacturation, les coûts exorbitants de maîtrises d’ouvrage, l’acquisition d’équipements non conformes aux spécifiés techniques des centres, etc. sont du fait de la SOGEMAB. A propos des écoles de formation, le rapport a révélé que plusieurs d’entre elles ne sont pas aux normes et abritent des centres de santé, alors qu’elles n’ont pas d’autorisation.

A propos des effectifs des agents, la commission a affirmé qu’ils sont suffisants, mais que leur gestion pose problème. Il  en veut pour preuve, le surpeuplement d’agents de santé dans les zones urbaines contre des effectifs en-deçà dans les zones rurales. En conclusion, les membres de la commission ont souhaité que leur rapport soit remis au gouvernement, afin qu’il puisse mieux adapter sa politique de santé, pour le bonheur des populations . SOCIETE

Aline Ariane BAMOUNI

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