A quoi peut-on expliquer le tropisme de Tayyip Erdogan pour l’Afrique ? On peut répondre à brûle-pourpoint que c’est pour les affaires. La «tornade» Tayyip a en effet entamé une tournée sur le continent au pas de charge qui le conduira du 18 au 21 octobre de l’Angola au Nigeria en passant par le Togo.
Chez le géant de l’Afrique de l’Ouest, Erdogan parlera encore Business, avec son homologue Buhari, car avec un pays qui compte 220 millions d’âmes, c’est un marché non négociable pour la Turquie, qui en matière d’offres et de services est devenue incontournable.
Et si depuis 20 ans, la Turquie place ses pions sur le continent, ces derniers temps, Ankara axe son partenariat sur la sécurité. Ça tombe bien, le Sahel est en guerre, et la Turquie possède du matériel de pointe, qui intéresse le Sahel. Avec ses 43 représentations diplomatiques sur le continent et avec 30 pays visités en 20 ans ( depuis qu’il est premier ministre à président) , le raïs turc affirme son indispensabilité.
Fusils, drones, TB2, blindés Cobras , hydrocarbures, agriculture et industrie sont au menu de la présente tournée. On retiendra d’ailleurs que le conclave Erdogan-Faure-Roch et Weah de Lomé devra avoir comme sujet principal la sécurité au Sahel, et celle maritime. Frégates et missiles s’ajoutent à toute la panoplie que la Turquie propose, ce qui intéresse tous ces pays sous lorgnette djihadiste.
Le Sahel dont certains pays ont décidé de se tourner vers d’autres cieux en plus de l’ex-Métropole la France, regarde de plus en plus vers le Bosphore, où des commandes de drones et d’armement sont effectuées. A titre d’exemple, le Burkina a acheté ces petits engins à la Turquie. La guerre même asymétrique renfloue les caisses ! Mais Erdogan fait d’une pierre deux coups avec cette Turquafrique, en étoffant davantage son softpower.
Refoulée de l’Union européenne à laquelle la Turquie voulait adhérer, par un Occident qui y vit une porte d’entrée de l’islamisme, et avec la récente tambouille France-Turquie sur les eaux et l’armistice ou ce qui ressemble qui a prévalu après, c’est un retour en force, et le couronnement de 2 décennies de diplomatie offensive, que le président turc veut récolter… sur le continent africain.
En effet, à défaut de la maman, le bébé ne peut téter que la tante dit l’adage populaire, les pays africains ont compris qu’outre les partenaires traditionnels, France, USA, et pour ne pas être otages de la «seconde guerre froide» entre Chine-USA et Russie, les Africains sont bien inspirés de réserver une poire quand ils auront soif. La Turquie est une des alternatives, en plus de la Chine, et bientôt la Russie ? Quoi qu’il en soit, c’est un double coup économique et diplomatique que frappe celui qui depuis qu’il s’est emparé du Parti de la justice et du développement et des commandes de la Turquie, ne rêve que d’une chose, revêtir la toge de Kemal Ataturk.
La REDACTION
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