Evasion de 1 844 détenus au Nigeria : Nouveau vivier pour les groupes sécessionnistes et terroristes

Evasion de 1 844 détenus au Nigeria : Nouveau vivier pour les groupes sécessionnistes et terroristes

Attaque surprise de la prison d’Owerri et évasion spectaculaire de plusieurs détenus dans l’Etat d’Imo, au Sud-Ouest du Nigéria. C’était hier lundi 5 avril 2021, au petit matin. Cet assaut sur la prison d’Owerri, imputée à des hommes armés non-identifiés, a permis à 1 844 détenus de s’évader.

Si jusque-là, aucune revendication n’a été portée au grand jour, les regards sont tournés vers les mouvements séparatistes ou terroristes. Le président Buhari, pour sa part évoque un acte terroriste et anarchiste. Sans le nommer, les regards semblent tournés vers l’Indigenous People of Biafra (IPOB) groupe séparatiste du Biafra basé dans cette partie du pays. Sans le dire, le président Buhari dont l’état de santé fait l’objet de polémique, craint que cette attaque ne soit l’occasion de donner un nouveau souffle à ce mouvement dont l’évocation ravive de douloureux souvenirs dans la mémoire collective des Nigérians.

Le successeur de Goodluck Jonathan, en tête, en sait quelque chose. En tant que jeune capitaine de l’armée, la guerre du Biafra, Buhari l’a connu et atrocement vécu, puisqu’il y a participé en combattant les forces sécessionnistes conduites par le colonel Ojukwu. « Baba Go Slow » ne s’imaginait pas qu’il y aurait un jour des décennies plus tard, un groupe se revendiquant du Biafra.

Ces 1844 prisonniers qui se sont fait la malle grâce à ce qui s’apparente à une attaque savamment préparée constituent un vivier pour ce mouvement mais surtout pour les groupes sanguinaires tels que Boko Haram ou les multiples grands bandits qui ensanglantent les régions nigérianes.

C’est dire donc, que ces évènements de la prison d’Owerri rappellent des pensées douloureuses pour l’actuel président Buhari qui excédé,  par des errements de  certains de ses compatriotes s’est souvent lâché en ces termes : «tous ceux qui s’agitent ne connaissent pas la guerre, moi j’ai fait celle du Biafra».

Ce bout de phrase qui sonne comme une litanie est un appel à l’endroit de tous pour sauver ce qui peut encore l’être dans ce pays continent où violences ethniques ou communautaires, rapts et attaques terroristes se conjuguent au quotidien. C’est aussi un aveu d’impuissance de l’Etat central englué dans des scandales de corruption et de détournements de deniers publics, sources de déception et de révolte des masses populaires qui finissement par céder à l’appel des mouvements armés ou terroristes qui foisonnent désormais. Cette situation doublée par la lenteur du système judiciaire dans le traitement des dossiers de détenus, comme c’est malheureusement le cas pour bon nombre de pays africains, pourrait en partie justifier les attaques répétées de prisons comme lors des dernières émeutes d’octobre 2020.

 Davy Richard SEKONE

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