La justice française vient encore de remuer dans une plaie rwandaise pas totalement cicatrisée, en rouvrant le dossier sur le non-lieu prononcé en 2018 en faveur de proches du président Paul Kagame.
En vérité depuis 25 ans, ni la justice supranationale le tribunal pénal international sur le Rwanda (TPIR), ni la justice française ou rwandaise, n’ont pu répondre à la lancinante et nœudale question : Qui a tiré sur le Falcon 50 du président Juvénal Habyarimana le 6 avril 1994 donnant le ‘’la’’ à l’Holocauste rwandais qui fera 800 000 victimes ? Quel rôle a joué le FPR et Paul Kagame dans ce régicide ?
La littérature, plusieurs ouvrages à charge et décharge et surtout la justice se sont toujours intéressés au génocide du pays des mille collines devenu pays des mille fosses communes en 1994.
En effet, la justice française, via les juges Marc Bruguière, Marc Trevedic, Nathalie Poux et Jean-Marc Herbault opteront entre 1998 et 2012 pour la thèse de l’attentat en désignant le FPR et Paul Kagame, puis la piste des extrémistes rwandais.
Ce nouvel épisode judiciaire sur le génocide rwandais de ce 15 janvier 2020, on le doit parce que les parties civiles, notamment les familles des pilotes du Falcon 50, ne sont pas satisfaits du dénouement judiciaire.
Evolue-t-on vers une nouvelle instruction dans cette affaire à tiroirs ? Si d’aventure la Cour d’appel de Paris rouvrait ce dossier brûlant qui empoisonne quoiqu’on dise les rapports franco-rwandais, ce sera un pied de nez aux efforts diplomatiques accomplis par les politiques ces dernières années pour réchauffer des relations qui furent carrément polaires à un certain moment.
Si Emmanuel Macron s’était gardé de décliner l’invitation pour participer à la commémoration du 25e anniversaire du massacre rwandais le 7 avril dernier, préférant envoyer le député rwandais d’origine, Hervé Berville, si Macron s’est inventé une maladie diplomatique, à l’époque c’est parce qu’il savait que tout ne baignait pas bien.
Mais, on a senti tout de même une embellie, avec la désignation sous l’impulsion de Macron de l’ex-ministre des Affaires étrangères du Rwanda, Louise Mushikiwabo comme patronne de l’OIF. C’était un grand coup diplomatique qui a sans doute déridé la situation.
Alors avec cette nouvelle saison judiciaire sur le Rwanda, ne faut-il pas se demander si la justice ne rame pas à contre-courant du politique français ?
Quel genre de rapport peut exister entre deux pays, si dans l’un d’eux, ses juges s’attaquent aux proches du chef de l’Etat et même le suspectent ? On se rappelle l’ire qu’avait suscitée chez Kagame l’audition par exemple du général dissident Faustin Kayumba Nyamwasa, refugié en Afrique du Sud.
Du sort réservé à la suite du dossier, on saura, si selon l’adage entre la justice et le politique, c’est la case des singes !
La REDACTION
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