Examen du texte sur le Report de la présidentielle au Sénégal : Quitus ou pas des députés, le phare de la démocratie sénégalaise blafarde

Examen du texte sur le Report de la présidentielle au Sénégal : Quitus ou pas des députés, le phare de la démocratie sénégalaise blafarde

Adopteront ? N’adopteront pas ? Les députés réunis depuis hier matin 5 février 2024 pour examiner le projet de texte querellé qui permet le report de la présidentielle n’avaient toujours pas débuté les débats de fonds hier soir.

Apparemment, s’ils décident de la faire ce sera tard dans la nuit, et si les députés Yewwi Askan Wi et Cie de l’opposition pinaillent sur la forme et toutes les aspérités du texte auquel ils peuvent s’agripper pour le bloquer, c’est qu’ils savent que numériquement, ils ne pourront pas contre l’ersatz constitué par la coalition apériste-PDS, les 2 ensembles formant une majorité confortable pour donner raison à Macky Sall d’avoir la veille du début de la campagne électorale, renvoyé le corps électoral sine die pour plusieurs raisons qui vont de l’agitation qui entoure le processus au casus belli légal entre le parlement et les grands juges du Conseil constitutionnel.

«Coup d’Etat constitutionnel», Macky Sall mène le Sénégal au chaos», «ce report ne repose sur aucune base juridique», on a tout entendu depuis ce 3 février 2024.

A la vérité, si le report est d’une historialité jamais vue au pays de la Teranga, les Sénégalais sont habitués aux joutes pré ou postélectorales, aux crises passionnelles politiques, aux embastillements d’hommes politiques, même si le pic atteint avec les péripéties du cas Sonko, dépassent toutes les précédentes depuis Dia sous Senghor à Wade.

Place Soweto, les députés auront en fait à trancher sur 2 alternatives :

– Soit ils entérinent le premier choix (article) qui autorise cette dérogation et permet de renvoyer la présidentielle au 25 août, c’est-à-dire les 6 mois permis par la Loi.

– Soit ils optent pour une prolongation du bail de Macky Sall jusqu’à l’installation de son successeur, c’est-à-dire au-delà du 2 avril 2024, mais sans date précise.

La volonté intrinsèque de l’opposition va évidemment au 1er article, c’est-à-dire des élections dans 6 mois, selon les prescriptions légales, et même c’est avec grise mine qu’ils acceptent cette perspective, car 6 mois, c’est une éternité, et beaucoup de choses peuvent advenir dans cet intervalle temporel en leur défaveur.

A contrario, un bonus indéterminé au président sortant, jusqu’à l’installation du futur président, est une perspective cauchemardesque pour une opposition qui sait que plus le temps est allongé, moins elle a des chances de balloter le champion de Benno, pire, de le battre même au second tour. En effet, si Macky Sall jouait les prolongations aval parlementaire à l’appui, il aura le temps de décagnoter son dauphin actuel, Amadou Bâ, dont les chances de contrecarrer le Blitzkrieg d’une opposition requinquée (qui pourrait d’ailleurs trouver des alliés chez les réfusards de Benno) Macky Sall aura donc le temps de se trouver un autre porte-drapeau plus consensuel, lequel pourrait faire revenir certains caciques au bercail, et donner des gages de garder le pouvoir.

Autre hypothèse pas d’école loin s’en faut, est que ce temps long pourrait permettre de remettre Karim Wade dans la course, celui-là même à l’origine de cette tambouille politique, un Karim Wade et son PDS, qui seraient un précieux allié à Benno.

Et la démocratie sénégalaise dans tout ça ? Elle st écornée à coup sûr, car tous ces plans, ces micmacs politiques, ces calculs nombrilistes de part et d’autres, n’ont souvent rien à voir avec le moins mauvais des systèmes de gouvernance, la démocratie. Et dans un pays où on a longtemps cru, depuis qu’en 1974, Senghor a entrebâillé la porte pour l’entrée du multipartisme, qui permit à un certain Abdoulaye Wade de créer son parti, depuis cette époque, la réputation d’un Sénégal à la culture démocratique était assise. Souvent, on a craint le pire, notamment à l’orée des élections, mais il a toujours été conjuré par la sagesse et la grandeur étatique des acteurs politiques aidés, il est vrai par les puissantes confréries maraboutiques. Mais le phare de la démocratie a pâli ces derniers temps, sa lumière est devenue blafarde.

Démocratiquement, le Sénégal pourra-t-il retomber sur ses 2 pieds ? Tout dépend de Macky sall et de ses opposants !

La REDACTION

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