Expulsion de diplomates onusiens d’Ethiopie : Abiy, ce Nobel à  la rancune tenace

Expulsion de diplomates onusiens d’Ethiopie : Abiy, ce Nobel à  la rancune tenace

Plus rien ne va entre l’Organisation des Nations unies et l’Ethiopie. Hier jeudi 30 septembre 2021, Addis-Abeba a décidé d’expulser sept diplomates de son territoire pour «ingérence dans les affaires internes du pays». Ces hauts fonctionnaires du bureau de la coordination humanitaire de l’ONU, déclarés persona non grata, ont trois jours pour quitter le sol éthiopien. On ne pouvait pas s’attendre à mieux, depuis que les relations entre le gouvernement éthiopien et les organisations humanitaires se sont fortement dégradées suite au conflit en cours au Tigré. Cette province rebelle qui donne le tournis et des insomnies à Abiy Ahmed. 

Depuis le début du conflit en novembre 2020, l’armée éthiopienne qui avait été rapidement déployée pour «mater» ces irréductibles a fini par abandonner le terrain aux forces armées tigréennes. Ce qui devait être une formalité, s’est transformé finalement en un bourbier pour l’armée éthiopienne. Lancée il y a huit mois, cette opération militaire censée mater la rébellion de la province du Tigré a tourné au fiasco. Depuis plusieurs semaines, la contre-offensive menée par les Forces de défense du Tigré (TDF) leur a permis de reprendre la maîtrise d’une large partie de la région, dont la capitale Mékélé.

Contraint de se retirer pour éviter l’épuisement de ses forces, le gouvernement a alors décidé d’user de l’arme de la faim pour faire rendre gorge à cette province rebelle qui refuse de se rendre. Près d’une année après, la famine a fini par prendre ses quartiers dans cette partie du pays et les chiffres sont effarants. Selon l’ONU, plus de 500 mille personnes dépendant de l’aide humanitaire sont directement frappées par la famine et ont urgemment besoin d’être secourues.

Dans cette province où plus de 5 millions d’habitants vivent de l’aide extérieure, il n’y avait pas meilleure arme pour Addis-Abeba qui a pris le soin d’orchestrer un blocus contre l’acheminement de cette aide. Aux appels des organisations humanitaires dont des dizaines de camions attendent pour desservir le Tigré, c’est la sourde oreille. En août dernier, deux organisations (Médecins sans frontières et le Conseil norvégien pour les réfugiés), accusées de «désinformation»  feront les frais de leur grand activisme aux côtés des refugiés tigréens et seront frappées de suspension.

Dans cette guerre sans image lancée par Addis-Abeba, c’est désormais l’impasse politique et humanitaire. Après le retrait de l’armée éthiopienne, plus rien ne semble émouvoir le Prix Nobel de la paix 2019. Réfutant toutes les accusations d’exactions et de violations des droits humains, Abiy Ahmed est resté droit dans ses bottes et fait preuve d’une ténacité. Avec l’expulsion des sept diplomates de l’ONU, il montre que rien ne peut l’arrêter dans «sa folle envie d’étouffer» cette rébellion qui est passée de «petit cailloux» dans ses souliers à une gangrène puante et visible à des milliers de lieues.

 Davy Richard SEKONE

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