Extradition de François Compaoré : Les juges suivront-ils l’avis favorable du procureur général le 5 décembre ?

Extradition de François Compaoré : Les juges suivront-ils l’avis favorable du procureur général le 5 décembre ?

Et de cinq ! Il faut le dire. Cinq fois, l’audience sur l’extradition de «petit président» a été appelée 5 fois, elle a été renvoyée. La justice française aurait bien voulu  joué, avec les nerfs des Burkinabè qu’elle ne s’y prendrait pas autrement, même quand on sait que le temps de toute justice n’est pas celle du justiciable ! Mais comme on le dit, la balance a raison que la raison du justiciable ne peut pas comprendre ! C’est donc parti pour un 5e rendez-vous pour connaître si François Compaoré, frère cadet de Blaise Compaoré, ex-président, sera extradé vers le Burkina Faso ou pas. De ce que l’on sait des bruits qui ont chuinté des murs du palais qui abrité la  Cour d’appel de Paris, les plaidoiries ont été des plus houleuses. On a beaucoup ergoté sur des détails, des preuves, bref sur tout.

Une nouvelle donne a retenti dans la salle qui a dû donner de l’espoir aux représentants de l’Etat burkinabè mais qui a fait perler des gouttes de sueur d’inquiétude derrière l’oreille des proches de François Compaoré. L’avocat général y aurait en effet manifesté son avis favorable de François Compaoré. Ce dernier en effet au vu des nouveaux éléments, ramenés par la justice burkinabè et versés au dossier après l’audience du 13 juin 2018 aurait donné son feu orange, pour une éventuelle extradition de l’autre célèbre Compaoré du Burkina.

Une perspective qui a fait sortir le truculent Me Olivier Sur, l’avocat de l’ancien conseiller économique de Blaise Compaoré, de ses gonds. On se souvient que les juges français avaient renvoyé le délibéré à ce 3 octobre 2018, afin que le Burkina complète ses informations. Quels éléments ont-ils fait bouger les lignes de la justice française ? Qu’est-ce que le Burkina a bien pu ajouter au dossier Norbert Zongo, pour que l’extradition de François Compaoré ne soit plus une hypothèse d’école ? Toujours est-il que le procureur en manifestant un avis favorable à l’extradition, l’avocat de François Compaoré ne l’a pas entendu de cette oreille et a accusé la partie adverse de faux et faux en écriture. CQFD

Et les choses se sont vraiment déroulées ainsi, il faut dire que la flamme de la lampe de la sérénité a vacillé du côté des partis de François Compaoré. L’avis d’un procureur, représentant le ministère public, n’est généralement pas loin de celui des juges, quoiqu’il arrive que les avocats de la défense réussissent souvent à faire peser la balance de leur côté. Tout est argumentation et savoir des articulations du droit. Incontestablement d’ici début le 5 décembre, l’ancien bâtonnier du barreau de Paris et toute la kyrielle d’hommes en robe noire de François Compaoré, essayeront de battre en brèche, cette muraille de preuves burkinabè. Bataille juridique assurée.

Dans le cas d’espèce, le procureur pourrait pencher pour une extradition de François Compaoré, mais si l’avocat a su se montrer convaincant et que les juges de la Cour d’appel n’ont pas été convaincus au-delà de tout doute raisonnable par les pièces fournies par le Burkina, le 5 décembre 2018 pourrait avoir un dénouement différent de ce à quoi on aurait pu s’attendre. Quoiqu’en tous les cas, il n’est pas exclu qu’une autre date ne soit donnée aux Burkinabè pour rendre ce verdict qui tarde tant à voir le jour.

Il serait souhaitable en tous les cas que les pièces envoyées par  la partie burkinabè soient solides et résistent au coup que l’avocat Sur  leur a asséné d’une main sûre ! Le cas échéant, ce serait une perte de temps et un gâchis sur le plan financier pour un résultat maigrichon. Du reste, ce serait sans doute un puissant alibi, une sorte d’immunité qu’on aura ainsi fabriquée pour François Compaoré. Ce dernier, on le sait, a toujours clamé son innocence, et surtout s’il rechigne à venir dans le box de la justice burkinabè, c’est qu’il craint la politisation du dossier. C’est connu, La politique dans les travers du palais, fait fuir la justice par les fenêtres !

Il pourrait désormais s’en prévaloir à qui l’entendre pour se dédouaner définitivement de sa culpabilité dans l’atroce assassinat du journaliste Norbert Zongo et de ses compagnons. Dépourvus du suspect sans doute le plus sérieux dans la cause de leur décès, ils risqueraient alors d’être couverts par l’infâme explication qui avait prévalu aux premières heures de leur terrible départ pour l’au-delà : mort accidentelle… pour Norbert Zongo et ses compagnons d’infortune. Tous les regards sont donc toujours tournés vers la chambre de l’instruction de la Cour d’appel de Paris.

Ahmed BAMBARA

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