Là à Kisangani au Nord de la RD Congo, dans un lingala limpide, le président Félix Tshisekedi a plus ou moins fendu l’armure sur cette affaire de toilettage de la Constitution. Verbatim pour l’Histoire «Notre constitution n’est pas bonne…
Cela exige que les intellectuels de notre pays se réunissent autour de la table pour examiner cette problématique… s’il faut changer le nombre de mandats présidentiels, il n’y a que le peuple congolais qui avait insisté sur cette question qui peut le faire… Ce n’est pas une histoire de président de la République…». C’est limpide ! Et le chef de l’Etat d’embrayer en annonçant que courant 2025, une commission d’experts chargée d’étudier la possibilité de la rédaction d’une nouvelle constitution sera installée.
Félix Tshisekedi confirme ainsi la crainte de l’opposition et de certains Congolais qui voyaient la chose venir : il veut biffer la clause de la Loi fondamentale qui prescrit toute destinée présidentielle à 2 mandats.
Voire même la durée de ces baux qui pourrait passer d’un quinquennat à un septennat ! Le contexte est-il propice à seulement 11 mois de sa réélection pour un second mandat ? Quelles sont les raisons de telles velléités ?
Certes, il y a la volonté de renforcer les institutions républicaines, de faire cesser par exemple la bipolarité au niveau de l’Exécutif (le président chef de l’Exécutif, le premier ministre chef du gouvernement), de mettre fin à la sempiternelle guéguerre, entre gouverneurs et députés nationaux…
Mais quid des éléments tangibles de l’obsolescence de cette Constitution ? Bien qu’on renvoie tout au peuple qui décide, via une commission constituante, on doute fort que ce tripatouillage ne fasse aussi partie du vœu de Fatshi de s’affranchir du corset de l’article 70 de la Constitution.
La précédente tentative sous Kabila fils en 2016 avait fait flop sous la bronca de l’opposition, y compris Tshisekedi himself, avec l’UDPS en tête, car son prédécesseur voulait une rallonge au palais de la Nation. Face aux tirs des barrages internes et externes, et au risque d’une guerre civile, Kabila avait renoncé.
Voilà que 8 ans après et au seuil de son second et ultime mandat, Félix Tshisekedi, veut changer les règles d’un jeu démocratique qui l’ont porté au pouvoir.
Il faut que les chefs d’Etat africains quittent dans ça ! Au cours d’un match de foot, si les lois changent, on annule tout, on arrête tout, le stade est souvent suspendu, et même des responsables sanctionnés.
Le président congolais voudrait pourrir son second mandat qu’il s’y prendrait pas autrement : durant le temps qui reste du bail, l’UDPS et ses alliés ne travailleront qu’à une réélection de Tshisekedi, et le pays fera du surplace, reculera même.
Au sein même de la coalition et des alliés du président, il n’est pas sûr qu’on voit d’un bon œil cette volonté de charcuter la Constitution pour une virginité politique, un 3e mandat et une 4e République. Un Vital Kamerhé de l’UNC, fidèle allié de «Fatshi» dont l’étoile pourrait briller en 2027, se pose certainement des questions !
A vrai dire, à Kisangani, Tshisekedi a peut-être lancé la RD Congo dans des lendemains incertains. Les pantalonnades constitutionnelles sont aux civils, ce que les coups d’Etat sont aux militaires !
La REDACTION
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