Faure et Issoufou à Ouaga : les jours d’après polémique cadavérique, Big Brother et plan de riposte

Faure et Issoufou à Ouaga : les jours d’après polémique cadavérique, Big Brother et plan de riposte

Au moment où le soleil est proche du zénith. Avec une audace dont l’impertinence n’a d’égale que l’horrible témérité. Dans une enceinte, une cible tragiquement symbolique, ils ont frappé le cœur du Burkina Faso.

Le cerveau de sa défense, son Pentagone. L’état-major général des armées, laissant tout un peuple pantois et rageur. Déjà, avec cette obsession morbide à semer le doute, terreau fertile de la terreur dans l’esprit, des questions ont été pondues comme des bactéries malfaisantes et vénéneuses, dans l’esprit des Burkinabè.

D’abord, cette macabre comptabilité contradictoire sur le nombre de morts. Le chiffre annoncé par certains médias, se basant sur des sources sécuritaires françaises, laisse entendre qu’il y a eu plus d’âmes qui ont pris le train de long voyage que les 8 officiellement annoncés. Une insistance de ces médias qui a fini par troubler les Burkinabè et à semer des germes de doute quant à la graduation de confiance qu’il fallait accorder à leurs gouvernants.

Cette contradiction laisserait entendre que les assaillants suppôts du diable n’ont pas raté leur principale cible : les officiers qui devaient se réunir dans une des salles de l’état-major général des armées pour parler du G5-Sahel.

Ce qui effectivement supporterait la thèse d’un bilan horrifiant à l’issue de cette attaque offensante pour l’humanité et le «Pays des hommes intègres». Autrement dit en dépit de la clarté du gouvernement burkinabè sur le nombre de victimes, il s’en trouve qui parlent toujours d’une catacombe. Mais Diantre, où pourrait-on cacher tous ces cadavres, si tant est qu’il y en a autant ? Même un seul tué, est toujours un mort de trop, alors 8…

Mais avec l’instante assurance du Ministre de la sécurité, appuyé par son collègue des affaires étrangères, on peut se résoudre à accepter le chiffre officiel donné par les voies officielles des autorités. Du reste, que gagnerait l’Etat à colmater et à calfeutrer le nombre de victimes réellement faits par les sbires suicidaires de Ag Ghaly ?

Dans un souci de dignité ? Elle est déjà largement atteinte avec une attaque osée en plein jour contre l’administration céré- brale de l’armée burkinabè. Pour ne pas amocher l’élan de construction du G5-Sahel ? Ce dernier est condamné à réussir. En tous les cas, il est possible de cacher 28 corps à l’opinion nationale.

Mais il est quasi impossible d’empêcher la douleur de 28 familles d’éclater au grand jour. Cette bagarre funeste sur le nombre de morts doit donc cesser. La concentration est ailleurs : chaque Burkinabè doit être désormais un potentiel agent de renseignement, car cette guerre asymétrique avec ses cellules dormantes, à savoir, que les terroristes, boivent la bière, mangent les poulets bicyclettes et prient avec nous tous les jours, d’ou l’impératif sécuritaire que la vigilance permanente est le prix d’une paix pérenne, à tout le moins d’une anticipation d’attaques.

Cela dit, la kalachnikov ne devant pas cacher le dépôt d’armes, il est plus que temps que la force du G5-Sahel connaisse un coup de fouet. Afin que désormais, si les présidents en exercice du G5-Sahel et de la CEDEAO devraient un jour encore effectuer un déplacement au Burkina, que ce ne soit pas pour ouvrir des yeux horrifiés devant des dégâts causés par des messagers de la mort de trafiquants sans foi ni loi, mais pour constater et jauger la solidité des jarrets de cette arme qui se présente comme ultime. En effet, Faure Gnassingbé président en exercice de la CEDEAO et Mahamadou Issoufou, patron du G5-Sahel, qui sont venus voir de visu, les hauts faits macabres, d’Iyad Ag Ghaly ne peuvent être que des avocats, surtout le Nigérien, pour l’avènement de cette force G5-Sahel pré- destinée à remplacer Barkhane. C’est sans doute le dernier espoir sur lequel s’arriment les dirigeants de cette partie de l’Afrique mais aussi leurs compatriotes.

Elle devrait non seulement fournir une force de riposte conséquente aux incursions de l’ennemi lâchement invisible, mais surtout contribuer largement à prévenir les raids des faux fous d’Allah. Les atomes de cette prévention doivent se trouver dans les renseignements. C’est dorénavant le seul rempart, sur le plan de l’action militaire contre le terrorisme, qui pourrait contrer toute action malveillante de survenir.

 L’attaque du 2 mars contre le cœur de l’armée burkinabè et l’ambassade de la France révèle que les assaillants, les milices, les mercenaires, quel que soit le nom qu’on leur donne, ne sont plus recrutés à l’extérieur des frontières du Burkina. Ils sont des Burkinabè. Vivent avec les Burkinabè. Peut-être condamnent avec eux les actions commises par leurs compères suicidaires. Le terroriste a désormais le visage d’un voisin, d’un ami, d’une connaissance.

Chacun doit se muer en potentiel Big Brother, non pas orwelien mais pour démasquer ceux qui donnent facilement la mort au nom de n’importe quoi. Il est plus qu’important par conséquent que les yeux et les oreilles, que ce soit du G5-Sahel ou des forces de sécurité internes, soient grands ouverts et bien orientés là où il le faut, avec la collaboration des populations, pour débusquer et désamorcer ces bombes humaines avant qu’elles n’explosent. Il y va désormais de la survie de l’équilibre démocratique et social de tout un pays, de toute une partie importante de l’Afrique.

Ahmed BAMBARA

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