Feu vert de Ouattara au retour de Gbagbo et Blé Goudé : Les vrais linéaments d’une réconciliation nationale

Feu vert de Ouattara au retour de Gbagbo et Blé Goudé : Les vrais linéaments d’une réconciliation nationale

Il était très attendu sur la question et sept jours auront suffi pour qu’il mette fin au suspense qui couvrait encore le sujet. Hier mercredi 7 avril 2021, 24 heures après l’avènement du gouvernement Achi I, le président Ouattara a marqué son accord au retour de l’ex-président Laurent Gbagbo et de son ancien ministre de la Jeunesse Charles Blé Goudé.

«Messieurs Gbagbo et Blé Goudé sont libres de rentrer en Côte d’Ivoire quand ils le souhaitent», a déclaré le président Ouattara. Finis les oxymores et autres phrases pour camoufler le fait que le retour de l’ex-pensionnaire de Scheveningen  et son fidèle lieutenant n’était pas désiré. Pour ce coup-ci, c’est un feu vert franc, qui intervient 7 jours seulement après l’élargissement définitif de Gbagbo et Blé Goudé.

Le président ivoirien ne s’est pas contenté de rendre public cette décision aux allures d’une acceptation de bonne ou mauvaise grâce, c’est selon. Son ancien rival bénéficiera également des avantages dignes de son rang d’ex-président. Ce quitus attendu par l’immense majorité des Ivoiriens et particulièrement les partisans du FPI et de son lieutenant Blé Goudé sonne comme une onction du «patron du RHDP»  à leur retour au bercail. Il n’y aura donc pas de bras de fer ni de pourparlers ni d’arrangements politiques dans ce sens. En décidant de donner un avis favorable à un retour des deux prisonniers ivoiriens de la Haye, Ouattara fait prévaloir la  voie de la real politik qui impose aujourd’hui un dégel du climat imposé par les protagonistes de la scène politique ivoirienne. Il ouvre du même coup la voie à un processus de réconciliation nationale qui s’annonçait rude, du fait des contradictions qui minent la vie politique et sociale dans ce pays dont les blessures et meurtrissures restent visibles après la violente crise postélectorale de 2011.

Plusieurs actes préliminaires avaient été déjà posés dans ce sens. Remise de passeports (ordinaire et diplomatique) à l’ex-président et envoies de missionnaires à la Haye pour prendre langue avec Laurent Gbagbo.

 Mais, on ne pouvait espérer meilleur agenda après la validation d’un troisième bail obtenu au forceps et dans le sang, et la tenue de l’élection législative du 6 mars dernier (très disputée) qui a vu le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la  paix (RHDP) se tailler la part du lion au sein du parlement. A y voir de près, ce feu vert du président Ouattara s’inscrit dans l’air du temps et annonce les couleurs de la dynamique qu’il compte imprimer à ce processus confié à un transfuge du PDCI-RDA en la personne du ministre Kouadio Konan Bertin (KKB). L’heure de raccommodage d’une Côte d’Ivoire divisée en deux est-elle venue ? C’est le souhait de nombreux Ivoiriens fatigués des Gban-Gban dont eux paient le prix fort.

C’est aussi une main tendue que le camp adverse notamment les pro-Gbagbo (FPI-GOR et EDS) qui piaffaient d’impatience depuis l’acquittement de leur mentor et du général  de la rue de le voir revenir au bercail et reprendre ses activités politiques. Pour donner plus d’impact, il n’est pas exclu que les autorités ivoiriennes prennent les devants pour «piloter» ou «organiser» ce retour au nom de la réconciliation qui s’esquisse. Et l’image d’un Laurent Gbagbo accueilli par Alassane Ouattara à l’échelle de Coupée de l’avion qui le ramènerait de la Belgique 10 ans après son transfèrement à la Haye, à Abidjan sous les hourras des milliers d’Ivoiriens massés pour la cause n’est pas à exclure et marquera à jamais positivement les esprits des citoyens lambda installés dans les campements les plus reculés du pays. Sans faux fuyants, il revient à l’actuel régime de poser les jalons d’une réconciliation véritable pour rattraper le temps perdu par Charles Konan Banny, dont l’action à la tête de la Commission pour le dialogue, la vérité et la réconciliation» de septembre 2011 à décembre 2014 avait été trahie par des ressentiments des uns et des autres.

Un vrai flop s’il en est. Et cette réconciliation ne peut aussi débuter que par une grâce ou une amnistie relative aux 20 ans de réclusion qui planent sur les deux illustres ivoiriens. Si Ouattara usait de son pouvoir discrétionnaire pour le faire, ce serait encore un gage de sa volonté d’aller vers cette catharsis rassembleuse. Mais il faudra aussi que le camp frontiste taise les rancœurs et abandonne tout désir de vengeance. La Côte d’Ivoire est à un tournant critique de sa vie, et c’est le devoir historique des dirigeants de sauver la Nation et ses fils qui sont devenus les souffre-douleurs de la boulimie pouvoiriste des hommes politiques .

Davy Richard SEKONE

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