Par un hasard du calendrier, c’est le même jour, vendredi 6 octobre 2023 que les présidents Macky Sall et Alassane Ouattara ont renvoyé leurs gouvernements respectifs, à une grande différence près : le premier a congédié les ministres tout en gardant le chef de gouvernement Amadou Ba tandis que le second a quasiment dissous toute l’équipe y compris le premier ministre Patrick Achi !
Quelle lecture peut-on faire de ce changement de gouvernement annoncé dans ces 2 pays à l’orée de présidentielle proche pour l’un et lointaine pour l’autre ?
Lorsque le premier ministre sénégalais reconduit avait été nommé le 17 septembre 2022, personne ne misait sur ce destin premier ministériel a fortiori candidat de la majorité présidentielle Benno Bokk Yakaar, concrétisé le 9 septembre 2023. Pour la simple raison qu’il a connu un long purgatoire sous le même Macky Sall, après ses fonctions de grand argentier, et chef de la diplomatie.
Même revenu en grâce en étant bombardé premier ministre, après le rétablissement du poste biffé en décembre 2021, peu pensait qu’il serait dans les petits papiers de Macky Sall, après la renonciation de ce dernier, tant l’écurie de Benno Bokk Yakaar, grenouillait de chevaux sur lesquels, le président qui organisera pour la première fois un scrutin auquel il ne sera pas candidat, pouvait choisir.
A 5 mois de la présidentielle sénégalaise, Macky Sall qui sait que ce scrutin sera tout sauf une promenade de santé, a manifestement l’intention de composer une équipe de combat non seulement avec des apparatchiks du sérail, ceux qui ne rompront pas les amarres avec Benno, du fait du choix de Amadou Ba, mais aussi, le président sortant, devrait aussi voir du côté d’alliés notamment au PDS d’Abdoulaye Wade qui s’est rapproché de Benno. Gouvernement électoral, pour accompagner un Amadou Ba, candidat de Benno Bokk Yakaar, mais sur lequel, toutes les planètes d’une victoire ne sont guère alignées. D’abord, les désaccords à peine contenus sur le dévolu jeté sur ce grand commis de l’Etat, compagnon fidèle de Macky Sall, mais qui manque de charisme, et de relais politiques, et qui aurait été imposé par la première Dame affirment certains connaisseurs du microcosme politique sénégalais.
A contrario en Côte d’Ivoire, le président Alassane Ouattara, dont le pays organisera une présidentielle en octobre 2025, s’est séparé et de ses ministres et de son premier ministre Patrick Achi, avec qui le courant tiède au départ, juste après le décès de «Hamback» s’est réchauffé au fil du temps. Ici aussi, pas d’autre prisme que celui de ce scrutin qui pourrait être celle de l’après-Ouattara, s’il ne brigue pas un autre mandat.
Dans la tête du président ivoirien, se bousculent beaucoup de choses sans doute, il pense au RHDP, aux récentes élections gagnées, sur qui et qui compter, et comment rafler la présidentielle de 2025 ! Et d’abord, en cas de non-trouvaille d’un candidat, Ouattara va-t-il se risquer à un 4e bail ? Et si passation de témoins, il y aura, quels sont les noms qui peuvent figurer sur la short list ?
C’est en regardant le nouveau gouvernement, qu’on peut subodorer des réponses à toutes ces questions. Car la prochaine équipe, devrait dégager les tendances lourdes, pour conforter la suprématie du RHDP en 2025 après sa victoire nette aux élections locales. Et il est fort probable que le président Ouattara va pêcher quelques partis ou individualités pour étoffer sa coalition.
Notamment, le FPI d’Affi N’Guessan devrait faire son entrée dans le prochain gouvernement. Et pourquoi pas un come-back bis de l’UDPCI de Mabri Toikeuse.
En gros, le président Ouattara pourrait tisser des alliances pour non seulement élaguer les ronces et autres épines qui jalonnent la route 2023-2025 ! Et c’est cette équipe gouvernementale de combat qui devra s’atteler à cette tâche, qui sera à elle dévolue.
La Rédaction
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