Dinosaure de la galaxie technique burkinabè en activité, le Championnat d’Afrique des nations (CHAN) qui se dispute au Maroc, met, sans nul doute, un coup d’arrêt brutal à la longue carrière de Drissa Traoré Malo dit Saboteur. Pour n’avoir pas su quitter la scène, Saboteur a lui-même mis à mal le mythe qui lui valait vénération et respect sur le continent…
Au lendemain de la désignation de Drissa Traoré Malo dit Saboteur comme sélectionneur des Etalons locaux, nous nous sommes, comme tant d’autres, interrogé sur les raisons d’un tel «cadeau empoisonné», avant de conclure qu’il s’agissait là, d’un piège pour se débarrasser du technicien burkinabè, le plus influent (positivement ou négativement) de la boule de cuir.
Déjà avec l’élimination du Burkina, lors des éliminatoires du CHAN 2015, la réputation du coach Saboteur avait subi un décapage relativement important. La FBF, aveuglée par nous ne savons quelle raison, avait ignoré l’alerte. Cette fois-ci, c’est le mythe qui s’est écroulé. Défenseur teigneux, l’officier de police s’était reconverti dans le coaching, avec une certaine réussite, aussi bien au plan national qu’international. Que ce soit au Burkina, en Afrique de l’Ouest dans le Maghreb ou en Afrique centrale, l’homme a arpenté bien des pelouses vertes, cultivant à merveille sa réputation de grand connaisseur du football, mais aussi d’homme de poigne, surélevé par une droiture qui passe pour être un exemple.
En somme, Saboteur, c’est une marque déposée, du moins jusqu’à ce championnat d’Afrique des nations. Préparé dans des conditions quelques peu instables, dû aux multiples changements de l’effectif, la participation des Etalons locaux à ce CHAN 2018 était mal engagée, dès les éliminatoires, devant le Ghana qui a réussi le nul à Ouagadougou, avant de laisser filer le ticket qualificatif à Koumasi. Cet exploit a suffi pour raviver le mythe Saboteur, mais les Burkinabè, malgré leur profond amour pour le fanion national, ne s’attendaient pas à grand-chose de la part d’une équipe faite de contrastes qui obéissent difficilement aux critères de sélection nationale.
Sortis dès le premier tour, les Etalons présentent un bilan médiocre de deux matchs nuls et une défaite, soit 2 points de pris sur un ensemble de 9 possibles.
Face à des adversaires qui sont en manque de temps de jeu, parce que n’ayant pas encore débuté leur différent championnat national, il y avait mieux à faire, pour une équipe qui s’est vu accorder tout (sauf semble-t-il, l’envie de Saboteur d’aller se préparer en Europe) pour une bonne préparation. Malgré ce résultat largement en-dessous des attentes des Burkinabè, Saboteur trouve les arguments pour soutenir que son équipe a bien joué. Sacré Sabo, il étonnera toujours ! Visiblement, le technicien burkinabè s’est recroquevillé dans un raisonnement sphérique qui n’est pas accessible au commun des analystes du football. Espère-t-il pouvoir sauver le mythe qui a toujours fait sa renommée ? Possible. Mais, Saboteur doit de toute évidence, se résoudre à signer la capitulation de son image.
Que pouvait bien espérer la Fédération burkinabè de football, en confiant la sélection locale à un entraîneur de 75 ans, avec le passé et le caractère que l’on lui connaît ? C’est la question que l’on se pose. A l’heure où les connaissances s’acquièrent sur Internet, et que depuis un bon moment, les diplômes électroniques ont remplacé les attestations d’entraîneur, que pouvait bien faire Saboteur qui, quoi qu’on dise, s’adapte comme tous ceux de son âge, à un monde et des valeurs qui ne sont pas les siens. Les multiples changements opérés au sein de l’effectif, peuvent d’ailleurs s’expliquer par ce décalage générationnel important. Dès lors, il n’est pas évident que ce qui aurait pu être toléré par un jeune coach, le soit pour Saboteur qui incarne la vieille classe et ses principes rigides.
En validant sa complaisance, la Fédération burkinabè de football a contribué à briser le mythe Saboteur, alors que le devoir moral lui imposait d’œuvrer à le perpétuer. C’est à se demander que peut bien cacher ce risque qui plombe une fois de plus notre football, et qui démontre à quel point, des raisons inavouées se greffent à la boule de cuir.
Conscient de sa déroute ou non, Saboteur n’a épargné personne, lors des conférences de matchs, à part peut-être son employeur. En tous les cas, les journalistes et certains consultants en ont pris pour leur impertinence. Certains propos relayés sur les ondes de radio n’ont pas manqué de faire rire, mais nul doute que certains en ont pleuré. Triste de voir un si grand monsieur du football, descendre si bas… Mais en définitive, Saboteur n’y est pour rien. Il appartient à la Fédération burkinabè de football de répondre de sa forfaiture !
Hamed JUNIOR
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