Football : Samuel Eto’o : Une retraite pour mieux revenir ?

Football : Samuel Eto’o : Une retraite pour mieux revenir ?

On se demandait bien jusqu’où ira l’appétit vorace de l’un des derniers grands fauves du continent. Et bien pas loin qu’un titre Olympique (2000), deux (2) Coupes d’Afrique des nations (2000 et 2002), quatre (4) Coupes du monde disputées, un titre historique de meilleur buteur avec 18 réalisations, trois (3) Ligues des champions, une (1) Coupe intercontinentale (Real Madrid), Une (1) Coupe du monde des clubs, trois (3) titres de champion d’Espagne, Un (1) titre de champion d’Italie, meilleur buteur d’Espagne (2006), quatre (4) fois meilleur joueur africain de l’année, quatre (4) fois Lion d’or… et nous en passons.

Un palmarès long comme le bras qui fait du Lion fraichement retraité, un grand parmi les grands noms que compte la planète foot et qui justifie l’hommage de Didier Drogba. «Félicitations pour cette grande carrière et très bonne continuation pour les nouveaux challenges qui t’attendent. L’Afrique est très fière d’un de ses plus grands ambassadeurs», écrivait le célèbre attaquant ivoirien.

Figure emblématique du football camerounais à l’instar d’un Roger Mila, Joseph Antoine Bell ou Thomas N’Kono, Samuel Eto range ses godasses après avoir galopé pendant 24 ans derrière la boule de cuir. Il a inspiré des milliers de jeunes, surchauffé plusieurs stades à travers le monde et inoculé sous les chaumières les plus démunies des bidonvilles des capitales africaines ou les Fazenda brésiliennes, l’espoir d’un rêve de grandeur que peut opérer la magie de la boule de cuir.

Pourtant, comme tout conte de fée, l’histoire de Samuel Eto’o ne manque pas de reliefs dramaturgiques. Avec un zeste d’imagination romanesque, on peut sans s’efforcer ouvrir le carnet extraordinaire de Samuel Eto par : il était une fois, un sans papier sur les champs Elysée. La silhouette frêle du natif de Douala a dû affronter le quotidien glacial et incertain du monde professionnel, avant de se faire une place au soleil. Sans papier pendant un bon moment dans l’Hexagone, snobé par les clubs français, le Camerounais doit son ascension à force de travail et d’abnégation.

Soif d’aventure et de référence, les griffes du Lion camerounais sont désormais indélébiles dans les clubs les plus huppés et parfois les moins inattendus. Mais quand on se nomme Samuel Eto’o, déposer son baluchon dans un vestiaire russe n’a rien de banal. L’aventure russe lui vaut le droit du joueur le mieux payé du monde. Ensuite, ce fut la Turquie avant que le Qatar n’en fasse une attraction dans son championnat. Aujourd’hui, il range les crampons avec au compteur 359 buts, pour un total de 718 matchs disputés en club. Avec 118 sélections et 56 buts, il reste inégalable dans la tanière du Lion.

Personnage au caractère bien trempé, Samuel Eto reste une énigme, surtout pour ses compatriotes camerounais. Tête de proue de la bonne cause, il a permanemment tiré la sonnette d’alarme, quand il n’est pas au fond de la mine pour dénoncer les maux qui minent depuis belle lurette, le football camerounais. Dans un pays où la gabegie et le détournement restent aussi populaires que le football, il aura été le Lion de bonne conscience, au point d’y laisser quelquefois des poils. Adulé par les uns, mal compris par les autres, l’influence de Samuel Etoo déborde le cadre du football pour s’étendre dans la sphère politique camerounaise. Une accointance qui n’est pas toujours vue d’un bon d’œil par une population (notamment sa frange jeune) en quête de liberté et de bonne gouvernance.

Le ticket de la retraite en poche, Samuel Eto qui préparait son après football depuis bien longtemps n’est nullement déboussolé. Il a remporté l’une des batailles qui lui tenait à cœur : La FECAFOOT. L’insaisissable buteur a réussi la prouesse de placer son protégé à la tête de la Fédération camerounaise de football, au grand dam de quelques vieux Lions qui croyaient venue l’heure de régner sur la tanière.

Cependant, à 38 ans, le Lion au palmarès impressionnant quitte la jungle avec un os avalé de travers, notamment le retrait de la CAN 2019. Initialement prévue pour se dérouler au Cameroun, elle lui fut finalement retirée au profit de l’Egypte. Fortement impliqué dans le projet, sa volonté d’offrir un coup de projecteur à son pays s’est heurtée à celle d’une classe dirigeante, plus préoccupée par la traite du lait que la comptabilité des veaux ! Conseiller du président de la CAF, personne n’imagine ce remuant drossart 9 se morfondre dans un bureau feutré au Caire, à Douala, à Barcelone ou au Qatar. De ce point de vue, il n’est pas vain de se demander si Samuel Eto’o ne s’est pas retiré pour mieux revenir…

Hamed JUNIOR

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