Fragile trêve de 72 heures acceptée par Al-Burhan et «Hemedti» : Entre manœuvres d’intérêts et chienlit généralisée, le Soudan toujours dans la gadoue fangeuse

Fragile trêve de 72 heures acceptée par Al-Burhan et «Hemedti» : Entre manœuvres d’intérêts et chienlit généralisée, le Soudan toujours dans la gadoue fangeuse

 

Ainsi donc le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken (avec sans doute d’autres partenaires) a fini par obtenir un cessez-le-feu de 72 heures, pour permettre aux couloirs humanitaires de se déployer pour exfiltrer Etrangers et civils soudanais de la fournaise mortelle des canons.

La France a rapatrié 538 personnes sur Djibouti dont 209 Français, l’Arabie Saoudite 91, le Grande-Bretagne est en train de le faire, la Côte d’Ivoire a évacué 50 de ses ressortissants, le Tchad 438…, les Américains ont sauvé les leurs.

Depuis ce 24 avril donc, les généraux Al-Burhan et «Hemedti» ont donné leur feu vert pour une trêve des combats pour 3 jours, souvent parasités par quelques coups de feu notamment à Tagreed et Abdin. Hier 25 avril 2023, un calme fourré régnait à Khartoum après l’acceptation de ce cessez-le-feu de 72 heures, la première respectée depuis ces 11 jours de combats.

Et si les USA sont à la manœuvre pour ce précaire arrêt des hostilités, la monarchie saoudienne aurait eu son mot à dire dans cette inflexion des 2 généraux.

Un calme qui intervient après 48 heures de pinailleries car ça achoppait sur les modalités de cette suspension des combats, et surtout sur la suite de cette éphémère paix des braves !

En effet, qu’en est-il d’un arrêt permanent des combats ? Faire taire les armes pendant 3 jours, c’est bien, mais n’est-ce pas marginal par rapport à la suite ? Et dans ce gentleman agreement de 72 heures, que deviennent les civils  ballotés entre fuir dans l’inconnue ou rester dans l’incertitude ? En un mot comme en cent, après cette trêve, on fait quoi ?

D’abord, si les Etats-Unis d’Amérique et ses partenaires espèrent une table ronde entre les 2 généraux, dont Ankara en Turquie pourrait être le lieu indiqué, rien n’est moins sûr. Une table ronde  Al-Burhan-«Hemedti» genre à la Khalifa-Al-Sarraj de Libye paraît improbable, en tout cas dans le court terme, car les esprits sont encore surchauffés, et chaque camp avait affirmé au début des combats, qu’il n’y aura pas de négociations !

Ensuite, à supposer même que les 2 généraux duellistes acceptent de s’asseoir pour discuter, quel scénario viable concocté pour Al-Burhan et «Hemedti» qui se connaissent tellement bien,  pour pouvoir revivre une coexistence pacifique ? L’avenir du Soudan est-elle encore soluble avec ses 2 généraux ?

C’est pour dire qu’il faut saluer ces 3 jours de relative paix, mais l’avenir de cette bagarre sanglante de militaires au Soudan n’a pas encore de solution idoine, et même que certains craignent que cet arrêt de la guerre ne serve qu’à … mieux préparer la guerre par un réarmement à outrance et des mobilités stratégiques des 2 camps. Et  ce n’est pas tout.

Si les USA ont obtenu une trêve légère, l’Egypte, les Emirats arabes Unis, l’Arabie Saoudite semblent grenouiller chacun en ce qui le concerne pour soutenir son poulain au Soudan. Officiellement, tous ont roulé pour le Soudan à la chute d’Omar El-Béchir en 2019. Mais avec cette tambouille déclarée entre Al-Burhan et «Hemedti», chacun de ses parrains est à la baguette en sourdine. Abou Dhabi et Ryad ont le cœur qui bat la chamade pour «Hemedti» depuis 2018, ce dernier les a soutenus au Yémen contre les rebelles Houthis en envoyant ses hommes contre espèces sonnantes et trébuchantes. Quadra, il est de la même génération que l’émir d’Abou Dhabi, Mohamd Ben Zayed (MBZ) (qui a reçu le patron des FSR en février 2023) et le prince héritier de Ryad, Mohamed Ben Salman (MBS). Ils veulent lutter contre l’influence iranienne. Mais, avec le rapprochement Ryad-Téhéran, «Hemedti» peut subir une volte-face de ses précieux alliés. Bémol, la volonté de ces monarchies arabes d’accroître leur influence dans la corne de l’Afrique, dont fait partie le Soudan, cela pourrait toujours jouer en faveur du soudan et d’«Hemedti». Enfin, avec 200 millions d’hectares de terres arables, il est un grenier immense pour les Arabes, et si on ajoute les 100 millions de têtes de bétail… le calcul est vite fait !

A contrario, l’Egypte a toujours été derrière Al-Burhan depuis le renversement d’El-Béchir, même si il a des accointances avec «Hemedti». Car pour ce pays, stratégiquement, Al-Burhan fait son affaire. Et puis Le Caire voit d’un mauvais œil, une plausible déflagration de cette région, dont l’onde de choc pourrait être très préjudiciable pour lui.

On le constate, ce cessez-le-feu de 3 jours est très volatile, mais il préfigure des lendemains tout aussi incertains, car face aux calculs géopolitiques et stratégiques, rien n’est dit et le Soudan n’est pas sorti de l’ornière. C’est connu les pays n’ont pas d’amis, mais des intérêts !

A cela, s’ajoutent des évasions massives de milliers de prisonniers dont de grands criminels tel Ahmed Harun de la prison de Kober au Centre de Khartoum. Il était ministre de l’Intérieur sous El-Béchir et est «Wanted» de la CPI. Entre manœuvres d’intérêts et chienlit généralisée, le Soudan vraiment est dans une gadoue fangeuse.

 

La REDACTION

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