Ainsi donc, les Lions ont lâché la proie : les Bleus ! Vainqueur en demi-finale contre la Croatie de Luka Modric le mardi dernier, l’Argentine connaît désormais son adversaire final de la Coupe du monde Qatar 2022.
Il s’agit de la France, tombeur des Lions de l’Atlas. Entre la solide et ambitieuse sélection nationale dirigée par Walid Regragui et les doubles étoilés de Didier Deschamps, les adeptes de la boule de cuir s’attendaient à un match intense. Ils n’ont pas été déçus. Poussés par plus de 45 000 supporters (sans compter la forte colonie installée au Qatar) venus de toutes les contrées marocaines et bien au-delà, les Lions de l’Atlas qui évoluaient presqu’à domicile se sont surpassés avec l’envie de donner au continent, sa première occasion de brandir le trophée mondial. Hélas, l’exploit n’a pas eu lieu. En affirmant que le Maroc n’était pas arrivé en demi-finale par hasard, Didier Deschamps avait tout simplement écarté toute idée de suffisance et de mépris. Il n’était pas question de prendre les Lions de haut.
C’est certes la première fois qu’un pays africain s’invite dans le dernier carré de la prestigieuse compétition mondiale, mais avant le Maroc, des Nations comme les USA (1930), le Chili (1962), la Bulgarie (1994), la Corée du Sud et la Turquie en 2002, ont créé la surprise en maintenant l’espoir jusqu’aux portes de la finale. Elles ne réussiront pas à déverrouiller l’épais portail qui donne droit à une contemplation rapprochée du globe mondial. Entre pression, intensité, charge émotionnelle et fatigue, les Lions de l’Atlas n’ont pas échappé aux symptômes dont sont victimes tous les néophytes de la haute compétition. Gérer la débauche d’énergie, les humeurs, les blessures, les aléas du terrain, les faits divers des vestiaires peuvent s’avérer un exercice périlleux. C’est peut-être tout ce mixage qui a surchauffé un peu plus une température déjà suffocante dans le box marocain. En tous les cas, on n’évince pas de gros calibres comme la Belgique, l’Espagne et le Portugal sans laisser quelques poils de crinières.
Ainsi donc, les derniers représentants du continent africain quittent la compétition. La queue entre les jambes ? Que nenni ! Ces Lions qu’on pensait mortellement touchés des la 5e minute (but de Hernandez), ont livré un baroud d’honneur digne de l’Afrique guerrière. Une bonne partie de la deuxième période laissait même présager que le Coq se fera tordre le cou. L’expérience et la baraka aidant, les Lions ont été privés d’une bonne soupe de gallinacé épicé telle qu’on en raffole sur le continent, mais nos braves fauves peuvent être fiers de leur tableau de chasse. Un tel butin restera longtemps gravé dans les faits d’armes de notre football. Mieux, il signe définitivement la fin du complexe africain.
Si les rues de Casablanca, de Rabat ou Fès ont été livrées aux chats et à quelques fantômes bien-veillants, ce n’est pas le cas de Paris, Marseille, Bordeau et autres Nice où la joie du partage d’une passion commune a été plus forte que l’appartenance à une nation. Entre Français, immigrés ou non et binationaux aux origines cosmopolites, la frénésie de la victoire est venue rappeler que le football reste un jeu, avec des valeurs et des vertus bien au-dessus d’un trophée, fut-il en or massif. En Afrique, dans plusieurs capitales, la conjoncture ambiante a déteint sur cette demi-finale. Dans les rues, francophones et francophiles se manifestaient, mais avec parcimonie, car il ne fait pas bon de montrer son tropisme pour cette France décriée par une rue, qui réclame la Russie ou plutôt Wagner. Néanmoins, dans certaines résidences de France comme à Ouaga, journalistes sportifs et amis ont été invités à suivre ce duel footballistique dans une ambiance sportive, épousant cet adage éprouvé qui veut que le sport soit le ciment des peuples.
Le continent africain sort définitivement de la Coupe du monde, au profit de la France. Mais il gagne par translation via cette même ex-Métropole. Et pour cause, cette France du Congolais Randal Kolo Muani, de l’Ivoirien Youssouf Fofana, du Camerounais Kylian Mbappé, du Sénégalais Ousmane Dembélé, du Marocain Guendouzi, du Béninois Koundé, de l’Algérien Benzema… D’une manière ou d’une autre, l’Afrique peut se réjouir d’être en finale… face à l’Albiceleste et son feu follet Messi !
Hamed JUNIOR
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