France 24 suspendu au Burkina : Entre éthique, nécessité sécuritaire et régulation de la liberté d’expression

France 24 suspendu au Burkina : Entre éthique, nécessité sécuritaire et régulation de la liberté d’expression

Dire que la suspension de France 24 au Burkina, est une surprise serait mentir à l’opinion, car après celle de RFI, il y a 4 mois, et la mise en demeure de France 24, il y a à peine plus d’un mois, et au regard des relations polaires entre le Burkina et la France, on savait que tôt ou tard, cela adviendrait. Rupture du partenariat militaire avec à la  clef le départ de l’opération Sabre, et dénonciation des Accords militaires d’Avril 1961, départ de l’ambassadeur de France… les casus belli étaient tels qu’on sentait monter crescendo la mésentente.

Ceci dit, pour le motif de cette suspension libellé dans le communiqué signé par le porte-parole du gouvernement, Jean Emmanuel Ouédraogo, le motif tient debout, non pas professionnellement, mais sur le plan purement éthique.

Dans le Burkina actuel, tenaillé en plusieurs endroits par le terrorisme, et s’étant doté de la Loi sur la mobilisation générale,  faire un reportage, une interview en donnant la parole le 6 mars dernier à un Abou Obeida Youssef Al-Annabi, c’est permettre à un adversaire, un ennemi du Burkina de s’exprimer. Et d’expression le bras droit d’Iyad Ag Ghali s’est vraiment épanché, d’où le vocable de «légitimation» utilisé par les autorités burkinabè.

Car même dans le cadre d’une «chronique» et même en prenant toutes les précautions déontologiques adéquates, France 24 aura ouvert son antenne à un terroriste dont les actions endeuillent le pays des hommes intègres. On crédibilise l’intéressé. Imagine-t-on Ben Laden donner une interview à CNN ou à Fox News ? Ou Al-Sahraoui vitupérant contre la France sur TF1 ou CNews ? C’est choquant surtout si le terroriste en question puise dans le terroir ses ouailles !

Au Burkina, si les avis divergent sur cette suspension, nombreux sont ceux qui se demandent quelle est la valeur ajoutée à un tel entretien, même s’ils se posent aussi la question de savoir pourquoi une réaction du Burkina, 2 semaines après les faits ? Une radio de la place Femina FM avait subi le même sort, en diffusant par inadvertance les propos d’un djihadiste.

On comprend évidemment la réaction du média français, qui «conteste» et «déploie les propos outranciers et diffamatoires du gouvernement burkinabè», de même que la réaction de Reporters Sans Frontières (RSF) qui estime que «la crise sécuritaire que traverse le Burkina, ne doit pas être un prétexte pour museler les médias…». Soit ! La ligne éditoriale d’un média est sacrée, choisie et assumée, c’est son ADN, mais un média est toujours in situ, et le journaliste n’est jamais désincarné, il est un homme d’un pays, d’une époque.

La communication ou l’information en temps de guerre est fondamentale, car elle fait partie de cette guerre, sinon elle est au cœur de celle-ci. Une désinformation, de la mauvaise propagande, un FakeNews ou un DeepFake, et ça donne des conséquences incommensurables.

Liberté d’expression d’accord, et on sait que France 24 fermé, c’est une fenêtre de cette liberté qui se bouche, mais partout en période de guerre, on régule la liberté d’expression .

La REDACTION

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