France-Rwanda:  On efface un peu et on recommence ?

France-Rwanda: On efface un peu et on recommence ?

Honneurs militaires, Emmanuel Macron qui descend les marches du Perron de l’Elysée pour accueillir Paul Kagamé, entretien en tête-à-tête entre les deux présidents sur des sujets paix, sécurité, environnement et conférence de presse commune, au cours de laquelle, sans sourciller, le n°1 français a annoncé qu’il soutenait la candidature de la ministre rwandaise des affaires étrangères, Louise Mushikiwabo au poste du patron de l’OIF.

ce sont des images d’Epinal rare entre les deux nations. Cette audience élyséenne, la première depuis 2011, marque donc le début d’un réchauffement des relations entre deux pays en froid polaire qui a pour nom génocide.  Depuis 1994, rien ne va plus entre la France et le Rwanda avec des questions qui empoisonnent toujours les rapports entre les deux  :

– qui a tiré sur le Falcon 50 du président Juvénal Habyarimana le 6 en avril 1994 à 20h 30 ?

– qui a ordonné le massacre des 800 000 Tutsis et Hutus modérés ?

– quels sont les dessous de l’opération Turquoise ?

– pourquoi depuis l’apocalypse de 1994, du juge Bruguière à Trevenic, Kagamé a l’impression qu’il est visé ?

pourquoi depuis l’aveu de Nicolas Sarkozy qui a parlé de «graves erreurs d’appréciations», de la France, les choses ne se sont pas améliorées entre les deux pays ?

On peut multiplier les questions embarrassantes pour les deux pays à l’envi, mais à quoi bon puisqu’à l’évidence, entre Kagamé et Macron, le courant passe et peut-être que le meilleur reste à venir. A preuve, avant même la tenue de ce salon Vivatech de ce jeudi 24 mai, Kagame le président le plus innovateur en High Tech en Afrique, a d’abord eu son jamborée technologique hier dans la matinée, avec les Mark Zukenberg de Facebook, Satya Nadella de Microsoft… Mais au-delà des flonflons protocolaires, des discours convenus et des circonlocutions diplomatiques, le soutien de Macron à la candidature de la cheftaine de la diplomatie rwandaise semble marqué un tournant copernicien des liens bilatéraux France-Rwanda. Exit l’encore patronne de l’OIF, la Canadienne Michaëlle Jean qui n’a pas démérité et bienvenue à la carrée, intelligente et méthodique, Louise Mushikiwabo. En dépit donc de la rupture des relations entre les deux pays, dans les faits puisqu’il n’y a toujours pas d’ambassadeur français à Kigali, de l’érection de la langue de sheakspeare comme langue officielle du pays , (Paul Kagamé ne s’exprime qu’en anglais) de l’entrée du Rwanda dans le Commonwelth, malgré le fait que Kagamé, sent monter la moutarde au nez lorsqu’on évoque la France qui n’a toujours pas fait acte de contrition dans le génocide, voilà que le président français joue la carte de la ministre rwandaise, qui doit boire son petit lait puisqu’elle fait partie de la délégation pour le présent séjour hexagonal. Emmanuel Macron a senti que Kagamé est devenu non seulement fréquentable, mais incontournable dans une région des Grands lacs, où «il est le petit piment dans la bouche». En RD Congo, au Burundi et dans les environs, le Rwanda s’avère un arbitre, à tout le monde un maillon fort. Pour la Francophonie, en plus de la RD Congo le plus grand pays francophone d’Afrique, si le Rwanda revient totalement dans le giron des pratiquants de la langue de Molière, c’est tout bénéf. De son côté, le Bonaparte émacié des mille collines qui régente le Rwanda comme un PDG dirige une entreprise, sent, qu’il est temps de recoller les morceaux avec la France, puisque ses alliés traditionnels, les USA et la Grande-Bretagne, l’ont subrepticement lâché, tant qu’à repartir vers le pays de Macron, surtout si ce dernier est réceptif. Alors, France-Rwanda, on efface un peu et on recommence ? Oui, car sans doute, Mushikiwabo est assurée d’être élue, car derrière Macron il y a quasiment tous les pays africains francophones. Mais, le contentieux du génocide reste non apuré. Et il faudra encore du temps au temps, avant que le pays des mille fosses communes, pacifie totalement ses rapports avec celui des droits de l’homme accusé à tort ou à raison d’avoir sa part de responsabilité dans l’inommable de 1994.

Enfin, avis aux Africains : pourquoi Kagamé, malgré le fait qu’il s’en fout royalement des rapports des droits-de-l’hommiste qui l’accablent, malgré que la démocratie n’est pas sa priorité, du moins, pas celle conçue chez les Occidentaux, bref malgré le fait que certains le présentent comme un autocrate, il séduit, attire les investisseurs étrangers a son Innovation City de Kigali , a des sociétés telle Volkswagen délocalisée au Rwanda ?

Parce qu’on sent un fléchissement des Occidentaux, bailleurs de fonds et même de la communauté internationale qui préfèrent de loin un pays tel le Rwanda où il n’y a pas ou peu de démocratie, mais où règnent l’ordre, la discipline, un homme fort où il n’y a pas de sachets plastiques, pas de corruption, tout marche. C’est bon pour le business ! Tout le contraire d’un pays démocratique, mais miné par le désordre, la chienlit et quasiment sur cale. Moralité : Macron a eu le nez creux en misant sur la Rwandaise ! . UNE

Sam Chris

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