A l’évidence, les coups d’Etat fantasmés, réels, réussis ou avortés n’étaient plus d’actualité en Guinée-Bissau, du moins, le président Sissoco Emballo n’a eu de cesse de le dire, lui ex-général de l’armée, absous par les urnes en 2020, lors d’un scrutin inflammable.
Du coup d’Etat de 1974 du commandant João Bernado Vieira, qui renversa Cabral et mis fin à la confédération bancale avec le Cap-Vert. De ce 1er putsch à celui raté de ce jeudi 30 novembre 2023 en passant par les années de plomb qui emportèrent Ninõ Vieira, la Guinée-Bissau semble abonnée aux putschs, totalisant 9 au total, réussis ou échoués.
Alors, que s’est-il passé le jeudi 30 novembre et le vendredi 1er décembre courants à Bissau alors que le président Embalò Sissoco, assistait à la 28e COP aux Amirats Arabes ? Il s’agit d’une tentative de pronunciamiento, et c’est le président Embalò lui-même qui l’a annoncé samedi, après être rentré : «Je ne pouvais pas rentrer à cause de la tentative de coup d’Etat», a-t-il laissé entendre.
Un président qui précise que cette sédition au sommet de l’Etat a été ourdie, avant le 16 novembre, date anniversaire de la commémoration du cinquantenaire des Forces armées.
Dans la nuit du 30 novembre au 1er décembre, des tirs ont éclaté entre des soldats de la Garde nationale cantonnés au Sud de la capitale et ceux des Forces spéciales de la Garde présidentielle, autrement dit la garde rapprochée d’Embalò. Avec à la clef, les premiers qui ont rendu les armes à commencer par leur chef, le colonel Victor Tchongo, apparemment le cerveau du coup d’Etat raté.
Le casus belli ou plutôt le prétexte pour essayer de renverser Embalò a été la tentative de la Garde nationale de libérer 2 ex-ministres kleptocrates qui étaient en détention dans les locaux de la police judiciaire, sur instruction du procureur général, nommé par Embalò 2 ex- ministres, qui auraient confondu leurs poches avec les deniers des contribuables en retirant frauduleusement 10 millions de dollars.
Souleiman Seidi, ancien grand argentier et Antonio Monteiro alors secrétaire d’Etat au Trésor auteurs de ce fric-frac étaient à l’évidence, en intelligence avec le colonel Tchongo pour renverser le pouvoir en place. En tout cas, Embalò «le miraculé» (c’est une grande baraka de ne pas avoir été renversé, étant hors du pays), Embalò croit dur comme fer, que «le colonel Tchongo n’est pas fou… Il a été envoyé par quelqu’un …».
Qui est ce «quelqu’un» ? Qui est le commanditaire de ce putsch éventé ? Le président promet l’installation dans la foulée, d’une commission d’enquête aujourd’hui 4 décembre 2023, et des investigations poussées. Surtout, «des conséquences douloureuses» autrement dit, il ne se pose pas la question de savoir si des têtes vont être tranchées. Ça c’est certain ! Mais lesquelles ?
En lame de fond, ce coup d’Etat raté montre aussi que le président Embalò n’a pas pu résorber les tensions politiques dans ce pays de 1,6 million d’âmes, notamment son différend avec le président de l’Assemblée nationale. A moins aussi que le remaniement ministériel opéré la semaine dernière par Embalò, n’ait été l’étincelle qui a mis le feu aux poudres. La Guinée-Bissau, n’a pas fini de danser le yoyo militaro-politique quasi-rédhibitoire.
La REDACTION
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