Future retraite paradisiaque pour NKurunziza : Le président-messie du Burundi veut partir tranquille

Future retraite paradisiaque pour NKurunziza : Le président-messie du Burundi veut partir tranquille

«Au Burundi, un homme se retourne dans son lit mais pas dans sa parole», déclarait Pierre NKurunziza le 7 juin 2018, après avoir promulgué la nouvelle constitution, obtenue en enjambant des cadavres, laquelle Loi fondamentale lui permet de rester au pouvoir jusqu’en 2034. Mais après avoir surtout martelé qu’il ne se représentera pas en 2020.

Deux années après cette décision tonitruante et surréaliste, aux yeux des Burundais, qui n’en croyaient pas un mot, voilà le président-messie qui maintient ce qu’il a dit, mais qui en précise les tenants et les aboutissants, ce qui a suscité colère et indignation dans l’opposition et un tantinet résignation chez ses compatriotes habitués aux foucades politiques et colères homériques de leur président.

Ainsi donc, à la présidentielle du 20 mai 2020, Pierre NKurunziza s’éclipsera, carapacé politiquement, financièrement et juridiquement :

– L’Assemblée nationale a voté ce 21 janvier 2020 une loi octroyant 500 000 Euros pour NKurunziza à sa retraite. Il lui sera construit une villa-palais au lieu de son choix, soit à Bujumbura-ville ou à Bujumbura-rural. Un salaire et une intendance de vice-président durant les sept premières années de sa retraite lui seront servis. Juridiquement, il bénéficiera d’une immunité de chef d’Etat en exercice et une sécurité adéquate.

Des conditions de départ à la retraite pour lui, qui a été porté au pouvoir par les suffrages des isoloirs, et dont ne bénéficieront pas ses 3 prédécesseurs vivants, surtout pas Pierre Buyoya le putschiste ! Enfin, le fait d’avoir le statut de président-messie, commis par Dieu pour sauver le Burundi ne lui suffit pas : le Conseil des ministres l’a affublé hier 22 janvier de Visionnaire du patriotisme.

Le sénat devrait entériner toutes  ces décisions ce 23 janvier 2020. Et ce n’est pas fini : le parti-Etat ou plutôt l’Etat-parti, tant l’ombrageux CNDD/FDD expurgé des contestataires en 2018 et où siègent les zélateurs, le CNDD/FDD devrait organiser un congrès ce dimanche 26 janvier pour désigner son champion à la présidentielle de mai prochain. Sans doute, on le devine, le dieu-président de Bujumbura, a déjà sa « vision » sur l’identité de ce dernier, qui devrait obtenir l’onction des électeurs, et lui succéder.

Revenons à ce parachute doré :

– Quand on a tué ou emprisonné ses opposants et contraint bon nombre d’entre eux à prendre le chemin de l’exil ;

– Quand on a marché sur des cadavres pour obtenir son 3e bail en 2015 ;

– Quand on a mis un bâillon définitif aux médias via des autodafés d’entreprises de presse, et de chasse aux journalistes ;

– Lorsqu’on a mis entre parenthèses les Accords d’Arusha de 2000, et qu’on a ignoré toutes les décisions de la Communauté de l’Afrique de l’Est, on ne peut pas quitter le pouvoir allégrement comme cela, sans un béton protecteur.

Oui à une vie après celle de Gitega (présidence burundaise) jonchée de cadavres, mais avec des garanties, une assurance-vie tout risque, car NKurunziza sait ce qu’il a fait pour régenter le pays.

Il n’ignore pas que sans parapluie, il deviendrait un justiciable Tartempion au Burundi, et une cible pour tous ceux qui ont souffert le martyr sous son joug.

Le 20 mai 2020, le Burundi pourrait connaître une alternance, ou du moins un changement dans la continuité, car face au rouleau-compresseur du CNDD/FDD, on voit mal par exemple comment le CNL d’Agathon Rwasa pourra rêver de se  faire élire.

«Je ne me parjurerai pas, je partirai dans 4 mois, si on me laissera tranquille», voilà le message de l’ex-prof de sport reconverti en politicien-religieux. Une attitude que Alpha Condé de Guinée-Conakry pourrait imiter, lui qui lorsqu’il était dans l’opposition avait émis la même idée : qu’on assure les arrières des chefs d’Etat, et ils passeront le témoin sans rechigner. Si même le dieu-président du Burundi accepte de s’en aller…

Zowenmanogo ZOUNGRANA

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