Gambie : Barrow dans la bourrasque du «Three years Jotna»

Gambie : Barrow dans la bourrasque du «Three years Jotna»

Le président Adama Barrow n’est pas frappé d’une amnésie : il se rappelle bien que lorsque les billes des urnes (en Gambie, les billes font office de bulletins) lui ont octroyé la victoire le 1er décembre 2016 (39,6%) contre l’ubuesque président-sortant Yahya Jammeh (17,1%), l’alors OVNI politique avait promis qu’il laisserait le pouvoir, dans 3 ans. Il avait du reste battu campagne pour un bail de 3 ans. Investi de pourpre et d’hermine le 19 janvier 2016, il devait partir le 19 janvier 2020, il y a donc 10 jours.

Mais voilà, Barrow ne veut plus s’en aller, et projette de se représenter à sa propre succession, pas question donc d’abandonner le pouvoir, martèle le camp présidentiel, qui estime que le chef de l’Etat peut terminer son quinquennat.

«Three years Jotna», entonne en chœur le mouvement éponyme, pour dire «ça fait 3 ans, il est temps de partir».

Pourquoi celui-là même qui a battu par les urnes le tyranneau de Banjul, se retrouve aujourd’hui contesté ?

Si le retournement de la parole présidentielle explique en partie cette clameur de la rue, il n’est pas la seule raison.

Il y a d’abord le fait que les autres chantiers sont en berne, ou n’ont pas connu de réalisations. 22 ans durant, et sous la férule de Jammeh, les Gambiens n’avaient ni liberté, ni une économie prospère. Actuellement cet existant n’a pas fondamentalement changé et on nage toujours en pleine choucroute en matière des droits de l’homme, malgré l’exhumation des crimes ‘’yayamesques’’ et l’instauration de la commission vérité et réconciliation.

L’accession au pouvoir de Barrow, repose le cas d’école d’opposant aguerri ou non qui remplace un dictateur à l’interminable règne. Les mœurs politiques, les réflexes, le formatage des esprits, et la politique post-Jammeh ont été tels que Barrow qui a eu l’imprudence de promettre qu’il allait s’en aller 3 ans après, tout ceci fait le lit forcément d’une grande déception des Gambiens.

On peut condamner cette exigence des compatriotes de Barrow, qui a d’ailleurs exhibé la force légale pour recadrer «Three Years Jotna», mais, la leçon de Banjul est qu’il n’est pas aisé de remplacer un satrape au long cours.

Et les Gambiens devraient peut-être laisser une petite chance à ce président démocratiquement élu, au risque de favoriser une montée en puissance des partisans de l’illustre exilé de Guinée-Equatoriale. C’est connu, la nature surtout politique a horreur du vide.

La REDACTION

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