Garde à vue de «Bolloré-l’Africain» : Le tycoon de Puteaux victime du syndrome des palais africains ?

Garde à vue de «Bolloré-l’Africain» : Le tycoon de Puteaux victime du syndrome des palais africains ?

Ainsi donc le Midas de la Tour de Puteaux est en garde à vue depuis hier 24 avril à Nanterre. Alpagué par l’officie central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (OLLCIFF), le siège du groupe avait déjà fait l’objet d’une perquisition, le 8 avril courant.

Les policiers de l’office central ont humé une forte exhalaison de corruption dans l’attribution de 2 concessions portuaires : Conakry et Lomé. Le fil rouge de cette présumée concussion ? Le groupe Havas, autre propriété du milliardaire breton qui aurait joué les fils de pub auprès de Alpha Condé en 2010 et la même chose auprès de Faure Gnassingbé, lors de présidentielles que les intéressés ont gagné. On n’aurait rien trouvé à redire, car ce n’est pas une première que des sorciers blancs cornaquent la communication électorale de présidentiables africains. C’est même carrément ancré dans les mœurs politiques où ces communicants off shore ont la côte. Mais le hic selon les fins limiers de l’office central est que Havas aurait minoré ses factures, contre l’obtention de ces deux concessions portuaires. Ce que les deux juges financiers Serge Tournaire et Aude Buresi veulent tirer au clair, est le pourquoi de l’éjection de Getma en 2011, qui gérait le port de Conakry depuis 2008 par le président Alpha qui l’a rétrocédé à Bolloré ? Ensuite, les enquêteurs cherchent des explications également, sur l’obtention du port loméen, que Bolloré obtint après une saga judiciaire qui l’opposait à Jacques Dupuidauby. Bien que ce dernier perdit le procès, et s’enfuit de la capitale togolaise, non sans avoir jeté documents et unité centrale compromettante, à la mer et est toujours sous le coup d’un mandat d’arrêt, l’ombre d’un doute subsiste sur la transparence de ce deal portuaire.

En rappel, ‘’Bolloré-l’Africain’’ mérite amplement ce surnom, car Bolloré African Logistics, c’est 14 ports en Afrique, 23 ports secs, c’est le chemin de fer Abidjan-Ouaga, long de 1 300 km en réhabilitation pour 2,5 millions d’Euros. Bolloré, c’est un Tycoon économique voire politique en Afrique, car si depuis les années 1980, il est présent sur le continent, c’est véritablement avec les privatisations des ports, dictées pour les oukases des institutions de Brettons Woods dans les années 90, qu’il s’est adjugé beaucoup de concessions portuaires, devenant incontournable : 92% des importations et exportations en Afrique se font par mers pour irriguer les pays de l’Hinterland. Ce qui constitue un pouvoir économique immense. Rien que les deux terminaux portuaires de Côté d’Ivoire et le rail Abidjan-Ouaga, suffisent à Bolloré pour peser dans l’espace UEMOA, qui compte 8 pays. Mobilité de devises en liquide, investissement, employabilité, diversification des activités avec la logistique pour Total en Angola, culture d’hévéas au Cameroun, Ghana, Libéria… ont conféré à Bolloré, une puissance incontestable, qu’envient d’autres concurrents venus de Chine, de Brésil, de l’Inde… Mais à l’évidence, si la justice est aux trousses du magnat financier breton, c’est sa proximité avec les chefs d’Etat africains. Très peu de présidents dont, il n’a pas l’oreille attentive. Il est un familier de la quasi-totalité des palais présidentiels. Un jour, à la sortie d’une audience avec l’ancien n°1 burkinabè, Blaise Compaoré à Kosyam, et interrogé par un journaliste trop obséquieux, sur ses supposés liens très rapprochés avec les présidents, il avait répondu en substance qu’il ne bénéficiait d’aucun favoritisme, et c’est à l’aune de ses performances qu’il obtenait ses contrats.

Bolloré-l’Africain, victime du syndrome des palais présidentiels africains ? Alpha Condé et Faure Gnassingbé ont-ils facilité l’obtention des ports à Bolloré ? A la vérité, en l’espèce, il n’est pas facile de faire la part des choses, entre le conflit d’intérêt et la compétitivité, c’est à la justice française de trancher. Et vite! Soit la libération de Bolloré, soit en tant que témoin assisté ou l’inculpation pure et simple. Car depuis hier, si le groupe n’a pas devissé sur le CAC40, son action a perdu 5%. De la dangerosité des liens supposés incestueux entre finances et politiques.

Sam Chris

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