C’est sous les fonflons et les houra que Laurent Gbagbo est arrivé à Mama, sa localité natale, celle de ses aïeux. Ses frères et sœurs manche longue de Mama, et toute tribu de la région de Gôh capitale de Gagnoa attendaient Gbagbo-le-miraculé, celui qui est revenu de l’enfer de La Haye, celui qui a «défié la justice des Blancs» …
Plus de 10 ans après son départ de la Côte d’Ivoire «Seplou» revient dans son cercle intime, son cocon familial, les siens où il peut parler sans retenu, se confier aux sages pour disposer pour l’avenir. Là, il peut manger son plat préféré, que lui ont préparé des femmes dévotes qui ont dû prier pendant cette décennie pour son retour parmi elles.
Gbagbo-le-lamantin est revenu dans la lacune Ebrié, comme le gros mammifère éponyme, mais c’est véritablement cette présence parmi ses parents du village qui symbolise ce retour.
Du reste, l’arrêt de Blouzon localité où repose sa génitrice décédée depuis 2014, halte pour se recueillir sur sa sépulture sera un temps fort de ce séjour villageois. Une séquence que les parents et les proches veulent intime au lieu d’être face aux caméras, car Gbagbo aurait voulu être présent à son inhumation, souhait qui avait rencontré une fin de non-recevoir de la CPI.
On est en Afrique, et quand un tel homme subit une telle «offense», même celle des Blancs, il faut le «purifier» et le village est souvent le seul coin idoine pour ces pratiques rituelles souvent secrètes. Gbagbo sera donc «lavé» et «abreuvé» à Mama afin de recouvrer ses esprits et sa vigueur physique, car on l’aura constaté, Gbagbo n’a plus bon pied, bon œil, séquelles carcérales de Scheveningen, sans doute ainsi que l’outrage du temps avec toutes ces épreuves de la vie politique.
Quand les lamantins vont boire à la source, titre de la postface d’Ethiopiques de Senghor évoquent une rédemption, une renaissance, un renouvellement des valeurs. Serait-ce le cas pour le «Christ de Mama» ? L’avenir nous le dire .
Chris SAM
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