Gbagbo chez Bedié à Daoukro : De nouvelles épousailles entre la carpe et la tortue

Gbagbo chez Bedié à Daoukro : De nouvelles épousailles entre la carpe et la tortue

Laurent Gbagbo chez Konan Bedié à Daoukro ! Accueil bruyant, officiels, chefs coutumiers, ouailles politiques du FPI et du PDCI, c’est un week-end  studieux et politique qu’ont passé les deux ex-frères adversaires, qui ont décidé de se retrouver pour se parler une seconde fois après l’aparté bruxellois de 2019, mais surtout pour faire de la politique. «Est-ce que Laurent Gbagbo peut être avec Bedié sans qu’on parle de politique ?», a lâché goguenard l’ex-président ivoirien, samedi dernier chez son hôte.

Réconciliation d’accord, car Bedié doit se faire pardonner en affirmant en 2011, que «Gbagbo devait aller à la CPI», et surtout pour s’être rangé derrière Ouattara contre le patron du FPI. Mais surtout politique d’abord, car Gbagbo et Bedié, sont conscients aujourd’hui, qu’ils ont plus ou moins été dupés par un théâtre  d’ombre, d’où sont sortis vainqueurs le RDR et Alassane Ouattara.

Si un Bedié rumine ce qu’il considère comme «une trahison» du deal politique au nom duquel, en 2020, Ouattara devait accepter qu’un du sérail PDCI soit au pouvoir, Gbagbo a également une revanche à prendre : Se réhabiliter des 8 années passées à la Haye, car s’il a été acquitté par la justice, il lui reste l’acquittement populaire de ses compatriotes, qu’il ne peut obtenir que par une…rédemption politique.

Hier 11 juillet, après les akwaba populaires, vinrent les choses sérieuses avec la réunion de travail, qui accoucha d’un nébuleux «nouveau projet démocratique», le bébé politique que les deux «ex» veulent mettre sur les fonts baptismaux. Là à  Bediékro, le gentleman-farmer Konan Bedié et l’historien Gbagbo ont manifesté clairement leur volonté  de contrer Ouattara.  Serait-ce un nouveau Front Républicain ? Un Front de refus ?

En tout cas l’attelage FPI-EDS-PDCI qui veut s’ébranler est encore un chantier idéel. Le septuagénaire Gbagbo et l’octogénaire Bedié vont-ils prendre les devants ou lancer des jeunes ? Car si conquête de l’électorat local en 2023 et celui de la présidentielle en 2025, il doit y avoir, il faudra éclaircir la voie dès maintenant. Avec le divorce marital avec Simone, et les courants centrifuges au PDCI, il n’est pas évident que dans 2 et 4 ans, les actuels chefs d’Etat pétris de revanche seront toujours les maitres dans leurs formations politiques. Et Gbagbo et Bedié devront songer à la mobilité politique. Le temps passe et il ne sert pas seulement à regarder pousser les arbres comme dirait Mitterrand, mais à préparer ses héritiers politiques.

Vouloir déboulonner Ouattara, leurs adversaires communs est sans doute politiquement correct, mais ces futures épousailles ne doivent pas faire oublier que la solidité d’un tel couple tient aux résultats du terrain, tout le contraire désaxerait l’union et ferait voler en éclat ce que d’aucuns appellent déjà le mariage entre la carpe et la tortue.

La Rédaction

COMMENTAIRES

WORDPRESS: 0
Aujourd'hui au Faso

GRATUIT
VOIR