Pendant que les premiers ministres burkinabè et ivoirien Christophe Dabiré et Patrich Achi achevaient la 9e cuvée d’un Traité d’amitié et de coopération (TAC), dont les noces célébrées, il y a presqu’une dizaine d’années, mais dont le couple connait beaucoup de hauts et de bas, tandis donc que le TAC dépoussière plusieurs chantiers nés en 2009, la Côte d’Ivoire tendait l’oreille du côté de la présidence ivoirienne, où Laurent Gbagbo, tout juste débarqué de La Haye à Abidjan il y a 40 jours, a été reçu en audience par le chef de l’Etat, Alassane Ouattara.
Peut-être même que les 2 évènements se sont influencés, vu que le TAC sera infirme des 2 chefs d’Etat Roch et Ouattara, dont le sommet a été reporté sine die. Rien que le tête-à-tête entre l’ex et l’actuel président ivoirien peut justifier à lui seul, ce report.
Aparté d’Akwaba, de remerciement ou d’étalages de récriminations, de rancœurs inextinguibles et de désir d’en découdre ? Ou simplement des 2 hommes qui veulent tracer les sillons d’une catharsis nationale, après des dizaines d’années à se combattre pour le pouvoir ? Ce sont autant de questions qui trottaient dans les têtes.
Sans doute pour ceux qui s’attendaient à des mesures, ou des décisions tonitruantes, seront déçus. D’abord, ce n’est pas au détour d’une telle audience, surtout après 10 ans de glace qu’on peut et doit évoquer des sujets graves d’envergure nationale ou qui fâchent.
– Côté Gbagbo : ses petites phrases assassines et sibyllines, son pèlerinage à Daoukro pour recréer un creuset FPI-GOR PDCI, sa volonté de rendre visite aux prisonniers du FPI, qu’il a réitéré hier à Ouattara, sa revendication de la victoire à la présidentielle de 2010, sous forme interrogative (qui a gagné les élections en 2010 ?) , le glaive pénal de 20 ans qui pend sur sa tête et dans son for intérieur ce dur désir, ce pressent baroud d’honneur qui le tenaille pour être de nouveau candidat, en 2025, tous ces sujets ne sauraient être survolés en 1 ou 2 heures !
– Côté Ouattara : la grande faucheuse ayant fait le vide autour de lui, du moins lui ayant arraché ses potentiels remplaçants (Gon Coulibaly et Hambak), ce 3e mandat dont il s’est affublé au prix d’une élection sanglante, «le cas Soro», cette tentation du 4e mandat si jamais Gbagbo veut y aller, et surtout cette insaisissable réconciliation, autant de sujets collés à lui comme un boulet, et dont il a besoin en partie de Gbagbo pour s’en défaire, tout ceci, ne s’examine pas fissa fissa en une audience. Si «la crise est derrière nous», comme l’a lâché Ouattara après la rencontre, les scories de la tragédie ivoirienne des années 2000 ne sont toujours pas brûlées.
Oui, c’est de bon augure que ces 2 frères ennemis se rencontrent, ça déride, même si derrière les sourires devant les caméras, on sait qu’il y a une lutte sourde au sommet, mais les Ivoiriens ont besoin d’embaumer leur cœur de paix, meurtris par ces luttes fratricides par la boulimie du pouvoir et des lambris dorés de la république. Mais on n’en est encore à une sorte de jeux de dupes derrière les tapes les «Alassane» et «Gbagbo» que les 2 se donnaient hier.
Hier il aurait été indécent de voir Gbagbo et Ouattara afficher leur «bagarre», et se donner ainsi en spectacle. D’où le discours policé, allant dans le sens de l’apaisement comme les condoléances de Ouattara à Gbagbo.
Pour historique qu’il soit donc, ce tête-à-tête Gbagbo-Ouattara, est un petit pas, le premier d’une série, puisque les 2 promettent de se revoir en août prochain et même il faut de la diplomatie souterraine pour qu’advienne enfin une Côte d’Ivoire réconciliée avec elle-même.
Il faut donc saluer ce 1er contact depuis une décennie, car au-delà des micmacs politiques, de la longue et douloureuse parenthèse du non moins long cahotement militaro-politique d’il y a 10 ans, la paix, la réconciliation dans ce pays dépendent, de 3 personnes qui se nomment : Ouattara, Gbagbo et Bédié. En somme, les vieux éléphants de la lagune Ebrié qui se frottent les trompes pour le … pouvoir. Par petits pas les 3 se rapprochent avec chacun ses propres calculs dans son cortex. Pourvu que la Côte d’Ivoire soit la gagnante de cette paix des braves .
La REDACTION
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