Ça dure depuis 1904. Plus d’un siècle. Une colère, une amertume et un sentiment d’injustice anime et corrode les descendants des 60 000 Herero et environ 10 000 Nama qui ont perdu la vie en l’espace de 4 ans, massacrés, torturés et humiliés par des Allemands, qui voulaient laver ce qu’ils ont considéré (considèrent toujours ?) comme un affront. Car, à l’époque, les bourreaux n’avaient pas avalé la révolte de ces humains à qui bétails et terres avaient été confisqués par ceux qui se considéraient à l’époque comme les plus forts, les plus intelligents et les plus supérieurs.
La révolte des Herero avait fait une centaine de morts dans les rangs des colons allemands. Pour se venger, montrer l’exemple, les Allemands n’y sont pas allés de main morte. Massacres de masse, exil meurtrier de milliers d’hommes, de femmes et d’enfants dans le désert et camps de concentration, dont Shark Island, ont constitué l’arsenal de répression utilisé pour « corriger » les Hereros et les Namas. Une véritable démonstration de haine raciale, qui constituait comme une annonce prémonitoire de ce que l’Allemagne d’Hitler allait 30 ans plus tard montrer à la face du monde. Comme quoi, le ver était depuis lors dans le fruit.
Car la répression ne s’arrêtera pas là. Non contents de réserver un sort inhumain à ceux dont ils ont occupé les sols, les colons allemands vont « prélever » des ossements de leurs victimes pour les envoyer dans leur pays pour des analyses en laboratoire. Le médecin Eugen Fischer, qui a officié à Shark Island et dont les écrits ont influencé Adolf Hitler, cherchait à prouver la « supériorité de la race blanche », selon Jeune Afrique. Et ces examens ont été plutôt concluants, vu la conviction qui a vissé le Führer dans sa volonté d’affirmer et d’imposer la fameuse supériorité de la race arienne.
Depuis un siècle, les peuples martyrisés de Namibie demandent réparations. Mais surtout, un acte de contrition de la part des bourreaux d’hier. Mais en lieu et place, ce sont les restes de leurs ancêtres envoyés comme curiosités scientifiques sur la terre allemande qui ont été rendus aux descendants. Les excuses, il faudra attendre.
La promesse de 2017 ne semble plus tenir la route. En effet, on se rappelle que le gouvernement allemand avait reconnu sa responsabilité dans les atrocités qui ont été commisses en terre namibienne. Il avait promis qu’il présenterait ses excuses. Mais depuis lors, cette éventualité semble être mise en berne. Pour justifier l’absence de ce geste symbolique que réclament judicieusement des Africains meurtris injustement, il a été avancé qu’un lieu religieux n’était pas l’endroit idéal pour demander pardon. Cet argument revêt majestueusement la cape du ridicule car quel le lieu rêvé pour reconnaître ses torts et invoquer la clémence de celui à qui on a fait du mal qu’un temple de la religion ?
Pour l’honneur de l’Allemagne, pour l’histoire et pour tenter de donner un aspect un peu plus humain à cette erreur sans nom, ce serait idéal que ces excuses viennent se présenter aux deux ethnies de la Namibie. Après, devront suivre les réparations, surtout celles qui ont arraché leurs terres à ces hommes, ces femmes et ces enfants qui n’ont jamais demandé, rien d’autre que de vivre heureux et en paix sur leur lopin de la planète Terre .
Ahmed BAMBARA
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