Gl Al-Burhan et ses 9 mois de transition au Soudan : Peut-on tenir des élections en marchant sur des cadavres ?

Gl Al-Burhan et ses 9 mois de transition au Soudan : Peut-on tenir des élections en marchant sur des cadavres ?

Ce qui est surréaliste avec le pouvoir des raccourcis militaires, c’est qu’à un moment ou à un autre, les civils trinquent parceque les soldats ont pris le pouvoir, et veulent le consolider, ou y sont et œuvrent pour le garder par tous les moyens.

Depuis le 19 décembre 2018, les Soudanais en mal de pain et de produits de première nécessité sont descendus dans la rue, pour signifier à l’alors chef de l’Etat que 20 ans de prédations et de dictature, ça suffit, mouvement emboités par les militaires, qui ont contribué à destituer le despote le 11 avril dernier.

Mais il  fallait être naïf pour croire que les soldats ont sacrifié leur Primus inter parens, pour s’en aller et laisser les civils prendre le pouvoir. Le clash voire l’affrontement était inévitable, et un mois et demi, après la défenestration d’Omar El Béchir, ses successeurs, ont montré la laideur de leur visage, en tuant une quarantaine de manifestants les 2 et 3 juin derniers, qui faisaient un sit-in à Khartoum.

Les massacres de dimanche et lundi derniers au Soudan relèvent d’une sorte de combinazione, melange  d’un agacement aigüe, et d’une affirmation d’une réalité irréfragable : les militaires en ont assez d’être défiés par des civils, et si transition et aboutissement de celle-ci, il devait y avoir, ce sera avec les militaires, ou pas de transition du tout !

En raccourcissant le timing de la transition de 3 ans à 9 mois, en rompant de façon unilatérale, l’arbre à palabre avec l’Association des professionnels soudanais (APS) et l’Alliance pour le Changement et la Liberté (ALC), le général Abdel Fattah Al-Burhan indique clairement qu’il est devenu au mieux le Gaïd Salah du Soudan, au pire un Omar El Béchir-bis.

Mais peut-on véritablement et sérieusement envisager une transition apaisée, en jouant les satrapes ? Comment organiser des élections en enjambant des cadavres pour aller aux urnes ?

La quarantaine de tués, chiffre non-exhaustif, et le durcissement du comportement des militaires marquent une césure entre les 2 entités (civils et soldats) et une transition forcément en pointillée.

Ce qu’ignorent ou feint d’ignorer les soldats, c’est que depuis décembre, et à partir de ce 3 juin 2019, il va leur être difficile de faire quoique ce soit en mettant les civils entre parenthèse.

Le pinacle de cette lutte, on le doit aux civils qui des semaines durant, ont contraint le dictateur El Béchir, à ravaler sa morgue, ce qui a permis à ses frères d’armes de s’engouffrer dans la brèche, pour voler au secours de cette révolution.

Mais que les militaires ne se méprennent pas : essayer aujourd’hui d’écarter les civils, et vouloir par des tours de passe-passe, escamoter la transition, pour maintenir la couleur kaki sur le pouvoir serait un pis-aller. Déjà avec les assassinats de ramadan, les militaires se sont mis objectivement sur la voie du rejet par les Soudanais. La milice paramilitaire du général Hemetti n°2 du Conseil militaire a les armes, en use et abuse en versant le sang de leurs compatriotes, mais ces spadassins urbains savent aussi qu’on peut tout faire avec les baïonnettes sauf, s’y asseoir.

La REDACTION

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