Gl Gilbert Diendéré : «Laissez les petits sortir, je suis prêt à rester 100 ans à la MACA»

Gl Gilbert Diendéré : «Laissez les petits sortir, je suis prêt à rester 100 ans à la MACA»

L’implication de la hiérarchie militaire dans le coup d’Etat manqué du 16 septembre 2015 a occupé essentiellement les échanges à l’audience du mercredi 12 décembre 2018. Criant à une injustice, le général de brigade Gilbert Diendéré, qui a toujours clamé haut et fort que la hiérarchie militaire est complice du coup de force, estime qu’elle devait être poursuivie au même titre que les autres prévenus.

C’est une injustice du fait que la hiérarchie militaire n’est pas poursuivie dans le dossier du procès du putsch maqué du 16 septembre 2015. C’est ce que pense le général de brigade, Gilbert Diendéré. A l’en croire, «on doit traiter les gens de la même façon sinon, il y a injustice. La hiérarchie militaire a exécuté mes ordres quand j’étais président du CND tout comme les officiers, sous-officiers, et militaires du rang, présents dans le box des accusés». Cette déclaration, il l’a faite hier mercredi 12 décembre 2018, à la reprise du procès après la suspension de 24 heures due à la commémoration des festivités du 11-Décembre. Sa position rejoint celle de l’avocate de la défense, Me Mireille Barry qui a déclaré à l’audience du lundi 10 décembre: «il ne s’agit pas du procès du putsch, mais de certains éléments du RSP». Lui donnant raison, le général estime que ce qu’elle a dit est vrai. Pour prouver qu’elle a effectivement raison de tenir ces propos, il rappelle que le capitaine Gaston Ouédraogo a effectué une seule mission au cours des évènements avec d’autres éléments qui ne sont pas du RSP et que chacun avait un rôle bien défini à jouer pour la réussite de la mission. Son regret est qu’aujourd’hui, c’est le capitaine Ouédraogo seul qui est poursuivi parmi les membres de l’équipe qui a effectué ladite mission. Un autre exemple, il relève le fait que durant son règne éphémère, il a été escorté comme un chef d’Etat ; et se demande donc où se trouvent les gendarmes qui l’escortaient ? Se basant sur ces exemples, le général conclut que si des éléments du RSP sont poursuivis pour avoir exécuté des ordres venant de lui, les autres également doivent être poursuivis pour la simple raison qu’ils ont exécuté ses ordres au même titre que ceux du RSP.

Ne partageant pas son raisonnement, le parquet militaire indique que le général ne doit pas imposer un certain nombre de choses au juge d’instruction. C’est au juge d’inculper qui il veut, lui a-t-il rappelé avant d’ajouter : «le général doit se contenter de son rôle d’inculpé et d’accusé et chercher à se défendre». «Je ne cherche pas à jouer le rôle de qui que ce soit. Si on ne veut pas accuser la hiérarchie militaire, qu’on libère les soldats et qu’on me garde seul», a répondu le général. Avant d’ajouter : «laissez les petits sortir, moi je suis prêt à rester 100 ans à la MACA».

Le parquet se dit surpris par les déclarations du général

Le parquet militaire semble avoir été surpris par les déclarations de l’ex-chef d’état-major particulier de la présidence du Faso, le général Gilbert Diendéré. Il déclare à son tour : «cela nous surprend parce  que c’est la première fois qu’il l’affirme. Pour le ministère public,  c’est suite aux dénonciations de ‘’Golf’’ que des éléments ont été cités dans ce dossier. Ainsi donc, il ne peut pas dire qu’il était surpris de voir certains militaires à la MACA».

Accusé par le prévenu de défendre la hiérarchie militaire qu’il souhaiterait voir dans le box des accusés, le procureur militaire n’a pas tardé à répondre. Rejetant cette accusation, il relève que la hiérarchie militaire n’a jamais approuvé le coup d’Etat. Il l’a démontré en lisant des déclarations de certains officiers du RSP dans leurs procès-verbaux d’interrogatoire. C’est le cas du colonel-major Boureima Kiéré, qui a confié que la hiérarchie militaire a désapprouvé le putsch et que devant cet état de fait, le général a assumé tout en demandant à cette même hiérarchie de l’accompagner, en assurant le maintien de l’ordre. Dans une autre déclaration, le même officier affirme que le général a demandé à la hiérarchie d’endosser le coup d’Etat, ce qu’elle a refusé de faire, mais a souhaité une négociation pour la libération des autorités interpellées. Il explique que face à ce refus, «l’homme fort» de l’ex-RSP a dit qu’il va assumer. Le ministère public, à travers ces exemples, bat en brèche les accusations du général selon lesquelles, c’est la hiérarchie militaire qui lui a demandé d’assumer le coup. Convaincu de cela, il soutient qu’elle ne peut pas être dans le box des accusés. Toutefois, le parquet militaire déplore l’accusation selon laquelle il défend la hiérarchie militaire. «On accuse le parquet de défendre la hiérarchie en occultant toutes ces déclarations. Je me demande ce que cherche la défense». Il faut rappeler que le parquet s’est également servi des déclarations du chef de corps du RSP le commandement Abdoul Aziz Korogo pour montrer que la hiérarchie militaire n’a jamais demandé au général d’assumer le coup d’Etat.

La réponse du parquet à Me Antoinette Ouédraogo

Il n’est pas rare de voir d’autres avocats de la défense prendre la parole, quand bien même ce ne sont pas leurs clients qui sont à la barre, afin de donner un coup de pouce au prévenu qui est devant le président du tribunal. Me Antoinette Ouédraogo l’a fait, en accusant la hiérarchie militaire et le président de la transition, Michel Kafando, d’être les responsables de ce qui arrive au général et aux éléments du RSP. Elle explique que ces autorités étaient au courant des difficultés au RSP, mais n’ont pas eu le courage de les résoudre. «J’ai le sentiment que les crises ont été entretenues pour pousser le RSP à la faute», a-t-elle soutenu. Chose d’ailleurs confirmé par le général. Ne partageant pas son point de vue, le parquet militaire lui répond : «le RSP devrait plutôt éviter de faire la faute si on voulait l’y pousser». «Si on vous attend au tournant éviter donc de tourner», a-t-il soutenu. Sur ce, l’audience a été suspendue par le président du tribunal, Seidou Ouédraogo. Elle reprend demain vendredi 14 décembre, toujours avec le général Diendéré à la barre.

Boureima SAWADOGO et Edoé MENSAH-DOMKPIN

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