Grand oral de Paul Biya au Cameroun : Une main de fer dans un gant de velours tendue à «l’Ambazonie»

Grand oral de Paul Biya au Cameroun : Une main de fer dans un gant de velours tendue à «l’Ambazonie»

Il n’y a pas eu d’ontologie du mystère dans le message du chef de l’Etat camerounais, Paul Biya hier sur la CRTV, la télévision nationale : le n°1 camerounais tout en peignant l’existant dans les régions anglophones (marquées par des actions et velléités sessionnistes) a appelé à la tenue d’un arbre à palabre camerouno-camerounais, pour fin septembre 2019.

Que retenir de ce grand oral de ce président taiseux, dont les sorties médiatiques sont rarissimes ? Formellement, on sentait un Paul Biya tantôt détendu, tantôt sévère, le débit du phrasé était normal et la gestuelle habituelle.

Quid du fond sur ce qui a constitué la trame de ce discours c’est-à-dire, la grave crise dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest du Cameroun ?

D’abord, haro sur les mouvements radicaux, marionnettes d’apatrides qui ont transformé le Nord-Ouest et le Sud-Ouest en régions en crise dont le commun dénominateur est : violences contre les Forces de l’ordre.

Le discoureur d’hier soir, a déploré aussi l’exode massif de ces boat-people internes camerounais. Paul Biya brandira tous les gages de paix qu’il a initiés allant de l’arrêt des poursuites judiciaires contre 289 personnes arrêtées dans le  cadre de ces violences, et l’invite au dépôt des armes, et à un DDR. Le chef de l’Etat camerounais s’inscrit du reste contre les raisons fallacieuses évoquées pour justifier ces mouvements indépendantistes, notamment la marginalisation, l’exclusion ou la stigmatisation. Tous les premiers ministres depuis 1992, ne sont-ils pas issus de ces régions ? Y a-t-il preuve de grande inclusion que ça ?

Et Biya puissance 7 issu de la dernière présidentielle d’estimer qu’il a montré tous les signes de bonne volonté présidentielle à l’égard de ceux qui «tuent, violent et mutilent» et ne comprend pas ces velléités.

Vint alors la demi-surprise du chef : des assises nationales fin septembre sur les régions du Sud-Ouest et Nord-Ouest du Cameroun, prolongement de la tournée de paix du premier ministre dans ces lieux.

Plat de résistance de ce dialogue : unité nationale, intégration nationale, vivre-ensemble.

Ainsi donc Paul Biya veut prendre langue avec ceux qui contestent l’autorité de Yaoundé. Le président camerounais veut une sorte de brainstorming national pour cautériser cette plaie béante qui menace de se gangrener qu’est la situation dans cette «Ambazonie» autoproclamée.

Discuter avec les sessionistes, d’accord mais quel en sera le format ? Pour aboutir à quels résultats ?

Les premiers responsables de ces régions anglophones daigneront-ils accepter cette main de fer dans un gant de  velours qui leur est tendue à l’heure où certains d’entre eux croupissent en prison tel Sisiku Ayuk Tabé le président ambazonien autoproclamé ?

La question de l’Ambazonie peut-elle se résoudre au détour d’un dialogue inter-camerounais ? Autant de questions qui font que cette table ronde mérite d’être entourée de tous les garde-fous . UNE

Sam Chris

Présidentielle tunisienne et Union européenne

Qui a peur du présidentiable- prisonnier Nabil Karaoui ?

Parmi ceux qui guignent le palais de Carthage à la course à la magistrature suprême du 15 septembre, il y a un certain Nabil Karaoui. Des ambitions carthaginoises qui se heurtent depuis le 23 août dernier à des ennuis judiciaires puisqu’il est embastillé pour fraude fiscale et blanchiment d’argent.

On n’aurait rien trouvé à redire à cette arrestation, sans le timing de privation de liberté, survenue à une semaine de l’ouverture de la campagne électorale et à l’envergure du candidat.

Le voilà privé de ce précieux viatique électoral : la pêche aux voix, la campagne électorale, le voilà absent aux débats télévisés, une première en Tunisie.

Un grand tort préjudiciable à ‘’ce fils de pub’’, formé au marketing et à la vente dans les multinationales, en France et au Maghreb, notamment expertise qu’il a capitalisée dans la politique, via sa chaîne de télévision Nesmaa.

Sans nul doute, qu’un Karaoui, sur les plateaux de télé, pour ce débat de campagne aurait fait mouche, car c’est une bête du petit écran doublé d’un fin homme politique.

Une absence forcée à cette prestation sur le tube cathodique ou plasmique qu’ont déploré les observateurs de l’Union européenne (UE) qui estiment qu’il y a injustice.

Un dossier Nabil Karaoui qui s’est déporté même à l’Assemblée nationale française, hier avec l’interpellation du premier ministre Edouard Philippe par un député centriste sur le cas Karaoui, c’est dire que ça devient un sujet sensible.

En tout cas, l’Union européenne a donné de la voix, une voix ferme sur l’égalité des chances pour chaque postulant. Il s’agit presque d’une exigence matricielle enjoint à l’ISIE de laisser s’exprimer celui qui a bâti ses dividendes politiques sur un soin particulier aux déshérités tunisiens à travers son association Khalil du nom de son défunt fils. Une ISIE dont les compétences s’arrêtent devant le palais de justice. Nabil Karaoui aura-t-il son interview en bonne et due forme, comme l’a laissé entendre Nabil Baffoun, patron de l’ISIE ? Encore faut-il que les autorités pénitentiaires l’acceptent.

Mais on ne peut manquer de se poser la question basique suivante : qui a autant peur de Nabil Karaoui ? Ses challengers naturellement, en particulier ceux qui sont susceptibles de le trouver sur leur chemin.

Car celui qui semble cristalliser la peur au sein des postulants pour l’impérium tunisien est donné au 2nd tour par tous les sondages quel que soit le scénario, puisqu’invariablement il caracole avec 30 à 40% d’intentions de votes, lesquelles intentions ont été dopées par son emprisonnement.

La centaine d’observateurs de l’Union européenne qui ont exigé que Karaoui soit traité comme les autres, qu’il ait droit à son quart d’heure de présence télévisuelle, ces observateurs-là ont eu le nez creux, et sont dans leur rôle de vigie de la transparence et de l’égalité de ces élections, conditions sine qua non de résultats objectifs et crédibles.

Surtout dans cette Tunisie post-BCE ou tout reste encore volatile. La justice accédera-t-elle à cette doléance de l’Union européenne ? Attendons de voir.

La REDACTION

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