Y aura-t-il un effet Jean-Noël Barrot du nom du ministre français des Affaires étrangères, qui a fait les deux capitales Kinshasa et Kigali, hier 30 janvier 2025 pour calmer le jeu et obtenir un cessez-le-feu, et un retrait du M23 dans Goma ?
Difficile d’être optimiste et la SADC qui tient un conclave ce jour 31 janvier 2025 consacré à ce conflit, n’est pas certaine de faire bouger les lignes ! Un sommet où le Rwanda et l’Afrique du Sud se crêperont le chignon au sujet des 13 soldats sud-africains tués à Goma.
En tout cas, la Belgique invite l’UE à sévir contre le Rwanda par exemple par la coupure de 20 millions d’euros aux militaires rwandais présents au Mozambique. Car ce sera les plats du processus de Luanda et celui de Nairobi qu’on réchauffe mais sur le terrain, il y a une réalité drue !
Puisqu’il faut appeler un chat, un chat, Goma est dans les mains du M23, en réalité dans celles du Rwanda. Pour ne pas dire de Paul Kagame, qui a saisi le refus de Kinshasa de discuter directement avec le M23 pour aller conquérir la capitale du Nord-Kivu, et même guigne à présent le Sud-Kivu, en échafaudant une attaque de Bukavu, selon Karega, l’ambassadeur itinérant rwandais !
Dans cette Afrique centrale, noyée de forêts luxuriantes, de richesses hydriques et minières, mais aussi gorgée de rébellions, de guerres larvées et ouvertes, ce n’est pas une nouveauté, et dans l’Est de ce pays-continent, le M23, porté par le Rwanda a pris le chef-lieu : Goma, et apparemment veut rééditer le scénario de 1997 qui mit fin au règne sans fin du mobutuesque, roi-Léopard.
Le Mzee Kabila-père qui a fait tomber Mobutu après des harassantes et guerrières enjambées depuis Kampala, en Ouganda aidé par…le Rwanda, n’est pas sans rappeler une autre marche bonapartienne celle de Paul Kagame à la tête des soldats du FPR, qui est venu mettre fin au génocide des Tutsis et Hutus modérés, et est devenu depuis deux décennies l’homme fort des Grands Lacs, et il a de qui tenir, puisque Kabila-père comme Kagame ont tous pris appui sur Yoweri Museveni, un autre président-combattant parvenu au pouvoir en 1986, par la même méthode : une marche triomphale. Est-ce une tentative de répéter l’histoire par «l’homme de fer» de Kigali ?
En tout cas, ne demandez pas au président congolais Félix Tshisekedi qui a tapé le tambour de mobilisation par son discours à la Nation ce 29 janvier 2025 : un discours de chef de guerre, même si c’est après un coup de canif à l’intangibilité du territoire, un discours offensif, et un discours de réplique, sur le tard. Car à vrai dire, nul que Félix Tshisekedi sait que l’estocade rwandaise de Goma, même sans la sortie de l’ambassadeur itinérant Karega, la prise de guerre de la capitale du Nord-Kivu, est un grand avertissement à grands frais, que le Rwanda est sur le pied de guerre, et n’entend pas rester là. Et son inquiétude, qu’avait soulevée d’ailleurs Paul Kagame, sur les questions cruciales de réfugiés et des conflits en Afrique de l’Est, son inquiétude est justifiée.
L’armée rwandaise et son grand chef et président du Rwanda, est une armée reconnue pour le travail qu’elle «fait proprement» si on peut se permettre cette trivialité ! C’est une guerre de David et Goliath : le «petit» Rwanda (David) veut vaincre Goliath, la géante RD Congo. Tous les analystes savent qu’une prise de Kinshasa comme le caressent certains du côté des mille collines, une telle conquête n’est pas si évidente. Mais, une occupation des grands pans de la RD Congo est en soi une défaite infamante pour le pays.
L’urgence d’un cessez-le-feu, d’une impérieuse rencontre Tshisekedi-Kagame, ne serait-ce que lors d’un mini-sommet des Etats de l’Afrique de l’Est, ces conditions sont des prérequis, pour un débat de solutionnement de ce conflit. Sans oublier la catastrophe humanitaire à gérer.
La REDACTION
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