La probabilité d’un cessez-le-feu semble faible dans la guerre que se livrent la République
démocratique du Congo et le Rwanda. Au moment où la diplomatie fait feu de tout bois
pour arracher une cessation des hostilités entre les belligérants, les combats ont repris entre
les Forces armées congolaises et les rebelles du M23. Il faut dire que depuis le début de
l’offensive des FARDC contre les positions rebelles, l’escalade était inévitable et a fini par
s’imposer dans cette partie du pays dont plusieurs localités sont sous-contrôle rebelle. Après
plusieurs moments d’hésitation et de guerre lasse, le président Félix Tshisekedi a finalement
opté d’engager ses troupes terrestres mais aussi aériennes dans cette guerre que lui impose
son voisin qui lui donne du fil à retorde. Mission périlleuse pour les émissaires de la
Communauté des Etats d’Afrique de l’Est (EAC) que sont Uhuru Kenyatta (épaulé par le
président angolais, Joao Lourenço, également président de la Conférence internationale sur
la région des Grands Lacs (CIRGL)) qui a entamé une série de consultations avec plusieurs
personnalités, en prélude au troisième round des pourparlers de paix que la capitale abritera
à partir du 21 novembre 2022. Mais en attendant donc cette étape, les armes parlent et
crachent leur message de mort à Kibumban et Mabenga dans le Nord de Rutshuru. La
bataille de Goma aura lieu apparemment, car les rebelles du M23 se rapprochent
dangereusement de la capitale provinciale du Nord-Kivu. Le temps presse et il faudra que les
800 soldats kenyans de la force est-africaine viennent à la rescousse de l’armée congolaise
qui se démène comme un beau diable face à ce mouvement du 23-Mars qui s’avère plus
coriace qu’on le pensait. La violence des combats de ces derniers jours semble apporter de
l’eau au moulin du gouvernement congolais qui pointe une invasion rwandaise sur son sol. A
ce titre, Kinshasa n’entend plus faire le dos rond et semble avoir opté pour une guerre totale
contre l’envahisseur qui trouble la quiétude des populations du Nord-Kivu depuis plusieurs
années. Il n’est donc plus question de se laisser marcher dessus. Le déploiement des forces
aériennes qui ont bombardé des positions rebelles en dit long. Comme pour montrer sa
détermination à ne rien céder, Kinshasa qui a pourtant concédé la présence de tous les
groupes armés opérant dans sa partie septentrionale, ne souhaite pas voir le M23 figurer sur
la liste des participants à ces pourparlers de Nairobi. Les choses ont l’avantage d’être claires
et en excluant ce mouvement, la RDC, longtemps restée coi face aux multiples incursions et
agressions du M23, entend s’assumer désormais. Il faudrait donc, à présent que les organisations engagées dans cette partie aux côtés des populations éprouvées s’attèlent à
faire face à une aggravation de la situation humanitaire déjà préoccupante.
Davy Richard SEKONE
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