Plus de 56 civils tués et 600 blessés (sources médecins prodémocratie) par les balles des protagonistes soudanais qui se battent pour le pouvoir au Soudan depuis ce samedi 15 avril, où les staccato des armes, les bombardements des avions ont retenti entre les supplétifs paramilitaires c’est à dire les Forces de Soutien Rapide (FSR) du général Mohamed Hamdan Dagalo alias «Hemedti» et les soldats loyalistes du général Abdel-Fatah Al-Burhan. Depuis 48 heures, les démons de la guerre qui n’ont jamais été véritablement écaillés par le temps, se sont réveillés du fait de ceux-là mêmes qui ont toujours été à la base des tambouilles mortelles.
Du malheur de créer une milice privée ou garde prétorienne pour sa sécurité personnelle. Du risque des règnes dictatoriaux au long cours ou de déboulonner un vieux satrape sans être préparé à exercer la fonction suprême ou de le livrer comme bouc-émissaire, pour se défausser de sa coresponsabilité. Du péril aussi de faire un putsch ou une révolution de palais, de façon collégiale sans un leader fort et craint !
En renversant leur mentor Omar El-Béchir en octobre 2019 sur le lit des émeutiers du pain, et en le livrant à reculons à la justice nationale, au lieu de la CPI qui le réclame, le quarteron de généraux putschistes pensait pouvoir grâce aux armes et au mécontentement contre le tyran déchu, mettre au pas les Soudanais par une inepte transition civilo-militaire, du dilatoire et des sanglantes répressions. Hélas, la paupérisation grandissante des Soudanais et l’appétence du pouvoir des militaires ont fait tomber bas les masques. C’est bien cette drogue dure qui motive les tombeurs d’El-Béchir plutôt que le quotidien de leurs concitoyens dont ils s’en moquent comme de leurs premiers chaussures rangers !
Alors depuis ce samedi 15 avril 2023, est-ce une tentative de coup d’Etat de l’armée dans l’armée que sont les Forces de soutien rapide (FSR) du général Hemetti ? A moins que ce ne soit l’armée régulière conduite par le général Al-Burhan qui a essayé de neutraliser ces ex-milices djawdjawids, les FSR, crées en 2013 par Omar El-Béchir, supposés avoir massacré dans le passé les Darfouris ! Pour d’autres, c’est le refus du général «Hemedti» que les FSR soient intégrées dans l’armée qui a été l’élément déclencheur de cette guerre urbaine.
D’aucuns avancent même qu’il y aurait au total 8 groupes armés, et que les hommes de Wagner seraient aux côtés des FSR. En tout cas, le n°1 et le n°2 du pouvoir soudanais se combattent et la situation jusqu’à ce lundi 17 avril 2023 reste fluctuante, opaque et forcément volatile. Qui a le dessus des affrontements ? Les FSR disent avoir pris le palais présidentiel et les aéroports de Khartoum et de Meoré (à 400 km de la capitale) et dans le Darfour où ont été tués 3 humanitaires de l’ONU (le PAM), l’armée régulière dément, et prétend que ses avions ont détruit plusieurs bases des FSR et qu’elle contrôle donc la situation…
Dans cette atmosphère kafkaïenne, difficile de savoir la vraie réalité, de la propagande. Les Etats Unis, par la voix d’Antony Blinken, appellent au calme, les parties civiles soudanaises invitent à cesser le bruit des armes. Idem pour l’émissaire de l’ONU au Soudan qui invite à une cessation immédiate des combats», la Ligue Arabe s’est réunie d’urgence hier 16 avril, autant d’initiatives qui trouveront difficilement des échos favorables chez les 2 frères ennemis : les généraux Al-Burhan et «Hemedti», lesquels ont transformé le Soudan en une vaste arène où la curée qu’ils ont instaurée, se terminera par la défaite d’un des deux. Dans ce Games of Thrones qui saigne les Soudanais claquemurés chez eux, la peur au ventre, malgré les «couloirs humanitaires» ouverts, il y a désormais un général de trop. C’est une lutte à mort. Qui sera vainqueur ? A quel prix et dans combien de temps ?
La REDACTION
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