Guinée, après l’auto-proclamation de Cellou : La CENI écartelée entre un «K.O à huis clos» pour Condé et un 2nd tour risqué

Guinée, après l’auto-proclamation de Cellou : La CENI écartelée entre un «K.O à huis clos» pour Condé et un 2nd tour risqué

Jamais la CENI guinéenne n’avait imaginé être dans une posture aussi écartelée : avoir à terminer la compilation, le décompte et proclamer les résultats d’une présidentielle, dont l’un des challengers et pas des moindres a déjà crié victoire, en violation totale des convenances électorales qui font que seule la CENI peut diffuser les résultats provisoires, et le Conseil constitutionnel la validation définitive.

En devançant l’iguane dans l’eau, pour se dire élu au 1er tour, c’est un véritable nœud gordien gorgé de sang que pose Cellou Dalein Diallo sur la table de la CENI, et dont le tranchement ne va pas soi tant les conséquences peuvent avoir des secousses telluriques pour le pays. Déjà, dès  cette annonce du leader de l’UFDG, on a eu un aperçu de ce que les villes seront transformées, en cas de données de la CENI.

Tout en serinant qu’elle est la seule dont la profession de foi électorale tient, la CENI est consciente de l’insigne manque de considération dont lui voue l’opposition, soupçonnée qu’elle est cette CENI à tort ou à raison, d’être aux ordres du pouvoir. Un boulet que les CENI guinéennes traînent à chaque élection comme un sceau d’infamie !

Une administration électorale qui n’a d’ailleurs plus que 3 options :

– Soit elle confirme Cellou comme élu, et conforte ce dernier dans son auto-proclamation. A ce sujet, l’oukase de la Cour constitutionnelle ordonnant à la CENI de transmettre sans délai les PV des votes de la présidentielle ou leurs copies visibles aux formations politiques, ces PV pourront éclairer davantage les résultats ;

– Soit elle donne la victoire au président sortant, Alpha Condé dont la parti est actuellement en colère ;

– Enfin, la CENI peut renvoyer les candidats au second tour prévu pour le 24 novembre.

Les 2 derniers scénarios ci-dessus cités tiennent globalement la route, avec une forte probabilité pour le premier, c’est-à-dire la déclaration d’une réélection du sortant, qui refuse de sortir. Une victoire du chef de l’Etat actuel, qui d’ailleurs a été paradoxalement facilitée par l’attitude de Cellou, qui a voulu mettre entre parenthèses la CENI.

Bien que se dégage dans ce cas de figure une odeur de passage en force si Alpha Condé est déclaré vainqueur, ce sera le moindre mal pour la Guinée, si l’on peut parler ainsi, vu qu’il y a eu déjà une centaine de morts depuis le 14 octobre 2019. Un «K.O à huis clos» pour Condé pourrait être, la solution qu’empruntera la CENI, car si elle déclare Cellou gagnant, tout ce qu’il y a comme sécurocrates et bonzes du RPG-arc-en-ciel se sentiront en grand danger, avec ce renversement de pouvoir. Et la violence pourrait être démultipliée.

Ensuite, un second tour, est physiquement et électoralement éreintant pour Alpha Condé, dont on dit qu’il aurait subi des revers en Haut-Guinée et à Conakry, ses bastions naturels. Vrai ou faux, en tout cas, tous les présidents sortant craignent les 2nd tours.

Proclamer Condé gagnant, avec 75% de taux de participation semblent la moins mauvaise solution : celle qui épargnera le pays des affres de violences, et d’une crise post-électorale aussi longue que mortelle. Certes, la CENI sait que quel que soit les résultats qu’elle proclamera, la Guinée va s’embraser par endroits, il y aura des manifs, des courses-poursuites, des lacry, des victimes, mais Condé vainqueur fera moins de victimes qu’un Cellou ! Quant à un second tour, il tient sur le fil du rasoir, car outre les ralliements, il y a le risque que la Guinée plonge dans une atmosphère kafkaïenne ! Assurément, il y a un mortel ambarras pour cette CENI guinéenne !

Davy Richard SEKONE

Envoyé spéciale à Conakry

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