Guinée-Conakry, le jour d’après scrutin : Le sang, le prix d’un 3e bail à Sekoutoureya ?

Guinée-Conakry, le jour d’après scrutin : Le sang, le prix d’un 3e bail à Sekoutoureya ?

10 morts. Non 4 ou bien 6. Qu’importe cette polémique macabre et indécente gène aux entournures. Une vie arrachée, est une mort de trop. Surtout si l’on se livre à la pénible mathématique d’additionner les cadavres qui jonchent le parcours du président Alpha Condé depuis qu’il a enfourché la scelle du pouvoir. Surtout si l’on se met à nier que les forces de défense ne sont pas dotées de fusils à même de tuer. Et pourtant, si  ce sont des fusils factices et de fausses balles, c’est bien de vrais cadavres qui ont marqué le scrutin de ce dimanche 22 mars 2020.

Des morts de trop. Des morts qui n’auraient pas dû arriver. Il suffisait simplement, aussi simple que dire bonjour, de s’en tenir aux termes actuels de la Constitution et de ne pas diantre succomber à l’innommable et irrépressible envie de rester à la tête du pays.

Irrémédiablement, Alpha Condé vient de salir le livre déjà raturé qui raconte l’histoire de la croissance chaotique de la démocratie en Guinée-Conakry. Et le bouquin a été maculé, non pas avec de l’encre de Chine, mais avec bien du sang humain. Du sang de Guinéen. Quelle cause démocratique défend le président de ce pays au point de sacirifer des vies guinéennes ? Quelle est la victoire qu’il va exhiber aux yeux de l’histoire pour justifier de ôter la vie à des Guinéens et en mettant cette nation plus qu’en retard ? Quelle est cette constitution en phase avec les réalités guinéenne qui veut que des Guinéens meurent pour ça ? Et puis après tout, si cette Loi fondamentale est obsolète, pourquoi ne pas la laisser à son successeur qui se chargera de la relooker ?

Soit. Le scrutin a eu lieu. Le président Condé a eu son référendum. Certainement que les résultats qui sortiront de ces urnes tachées par des molécules sanguinolentes lui seront favorables. Oui. Sans aucun doute. Le «peuple» a décidé. Le Oui sera vainqueur. Il lui accorde de briguer un autre mandat. Ce peuple dont une grande partie a manifesté sa réprobation, est d’accord pour qu’il reste à la tête du pays.

Il acceptera sans doute de se faire gouverner par lui, puisque sans aucun doute aussi il ira voter pour lui à la présidentielle prochaine. Sinon, pourquoi semer autant de deuil dans des familles s’il ne fallait pas rester calife à la place du calife ? Sous réserve d’être démenti par Condé, ce qui serait vraiment la surprise politique de 2020, en Afrique subsaharienne, sous condition que Condé dise à haute et intelligible voix, qu’il n’est pas partant comme l’Ivoirien Ouattara, on peut déjà subodorer que la machine RPG et Arc-en-ciel est en branle pour oindre leur champion pour un 3e mandat.

Et même si Alpha Condé rétropédalait maintenant, il aura déçu. Il y a eu déjà beaucoup de victimes constitutionnelles!  Tout comme sans aucun doute la trajectoire que prendra désormais sa gouvernance. Si ce n’est pas par la matraque, comment compte-t-il diriger dans la durée un pays dont la grande majorité des habitants sont apparemment désormais décidés à lui faire comprendre chaque jour qu’il est indésirable ? Avec un FNDC, et des opposants qui ne seront ni à l’Assemblée, ni ailleurs dans l’architecture institutionnelle, mais dans la rue, comment «le fils de la démocratie» compte-t-il gouverner ?

Ahmed BAMBARA

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