Guinée-Conakry :  Y en a marre de cette classe politique vieillissante !

Guinée-Conakry : Y en a marre de cette classe politique vieillissante !

Comme une canne à sucre longuement mâchée, la situation politique en Guinée-Conakry est devenue fade. D’une monotonie affligeante. Pas dans l’animation de la scène politique. Pas dans la récurrence des manifestations. Et non plus, surtout pas, dans le nombre d’estropiés et de morts qui s’amoncèlent dramatiquement sous les ordres et la direction des hommes politiques guinéens, tous, sans exception. Qu’ils émargent à l’opposition ou  qu’ils soient pendus aux cordes du navire du pouvoir.

La journée ville morte lancée le lundi à Conakry s’inscrit dans cette longue liste faite de litanies qui bercent le quotidien des Guinéens depuis maintenant plus d’une dizaine d’années. La pile qui alimente cette musique lancinante ? Des élections qu’on affuble de l’hideux voile de la fraude. Encore une autre ritournelle dans l’atmosphère de la Guinée. Depuis le «non» historique, y a-t-il eu seulement un scrutin qui n’a pas été contesté dans ce pays ? Aucun. Et toutes ces consultations ont malheureusement flambé dans la fournaise des violences post-électorales.

Mais à qui faut-il s’en prendre ? Aux Guinéens ? Peut-être. Mais ils sont surtout guidés, nourris et conduits par les discours que tiennent leurs leaders politiques. Des leaders qui depuis l’indépendance sont les mêmes. Ce sont les mêmes qui depuis plus de 50 ans ont du mal à mettre la Guinée sur les rails de son développement. Et qui, jusqu’aujourd’hui, éprouvent des soucis à faire régner la paix, ne serait-ce que sur la biosphère des élections.

Cellou Dalein Diallo, avec au cœur la secrète rancune non digérée de sa victoire qu’il estime avoir été volée en 2010, croit toujours pouvoir avoir son mot à dire dans la marche du pays, notamment depuis le fauteuil présidentiel. Alpha Condé, après la traversée du désert de l’opposition, muré dans son silence, laisse planer le doute sur ses intentions de ne pas céder ledit fauteuil et de vouloir briguer un troisième mandat qui engendrera également son lot de frustrations, de cris, de vociférations et deuils.

Le bilan fait, on arrive à la conclusion que les rhumatismes de la Guinée-Conakry sont causés par l’ancienneté des cellules politiques de ses articulations sociales. Une régénérescence s’avère comme le seul remède le plus efficace pour la soigner. Car, au point où ces hommes politiques en sont, il n’est plus possible de faire grincer une certaine corde, raidis qu’ils sont dans leurs ambitions, leurs intérêts, leurs rancunes, leurs calculs et leurs considérations.

Qui aujourd’hui peut-il aller convaincre cette classe politique que son pays baigne dans une opulence climatique qui lui est cachée par le masque opaque de leurs ambitions égoïstes ? Et que ce formidable et inépuisable carburant pour le décollage immédiat et durable de la Guinée dépend de la décérébration de certaines considérations ?

Apparemment, ce formidable messie est pour le moment introuvable. Il incombe donc à la jeunesse guinéenne de songer au renouvellement de cette classe politique. Il faut du sang neuf, dégarni, dépouillé et épuré des scories et des tares des hommes politiques actuels. Les nouveaux acteurs politiques de la Guinée-Conakry doivent dépasser les combats d’arrière-garde, s’inscrire dans une logique hardie et osée de développement de leur nation, en prenant le soin d’incinérer les inutiles obstacles d’ordre ethnique qui constituent l’un des plus grands freins de cette Guinée.

Analyse diamétrale. Mais c’est une constante. Tant que les acteurs actuels seront aux manettes de la politique en Guinée-Conakry, il n’y aura jamais d’élections paisibles. Et donc de paix, terreau de développement dans le pays de Ahmed Sékou Touré. Y en a donc marre de cette vieille faune politique engoncée dans des bagarres sans fin, bref la Guinée a besoin d’une nouvelle génération de politiques.

Ahmed BAMBARA

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