Que s’est-il passé au Tchad ce jeudi 20 octobre 2022, qualifié à juste titre de «jeudi noir» ? Sortis pour réclamer le départ des militaires, plusieurs partisans de l’opposition ont été massacrés et en pareil cas, le décompte macabre fait polémique : 128 tués selon la Commission nationale des droits de l’homme (CNDH), 300 selon l’opposition et 73 selon le gouvernement, qui dit avoir mâté une insurrection à l’époque. Succès Masra, le leader des Transformateurs, dont plusieurs militants ont perdu la vie, tient toujours à ce que la lumière soit faite sur ces douloureux évènements. Hier, il a organisé une cérémonie d’hommage en mémoire aux victimes. Et pas seulement !
Pour le ministre, porte-parole, Abdourhamane Koulamana, la manif n’était pas autorisée, et c’est bel et bien une insurrection, et ce dernier d’ajouter, qu’évoquer cette affaire, 2 ans après, c’est faire un faux procès au gouvernement tchadien, car «les portes de la réconciliation ont été ouvertes, et Succès Masra a même été premier ministre». N’empêche, que l’hommage d’hier des Transformateurs, et le sentiment des parents des victimes traduisent toujours une non-cicatrisation de cette plaie béante.
En tout cas, Succès Masra sera aux abonnés absents aux élections du 29 décembre, censées fermer la douloureuse parenthèse de la Transition cornaquée par le général Mahamat Deby. Dans un langage où le lyrisme se mêle aux diatribes, le leader des Transformateurs a fait référence aux tués de ce jour funeste et prophétisé quasiment qu’un jour viendra, où toutes les familles de ces personnes, qui sont mortes, en laissant orphelins, veuves, loyers impayés, un jour viendra où justice leur sera rendue et il y aura indemnisations !
Evidemment, le gouvernement tchadien maintient sa posture d’il y a 2 ans : ce 20 octobre 2022, n’était pas une simple manif et l’insurrection pointée par le ministre des Affaires étrangères et porte-parole, demeure la rhétorique officielle. Et surtout, le fait que Succès Masra ait accepté d’ouvrir la porte entrebâillée de la réconciliation en devenant premier ministre mette de l’eau au moulin du pouvoir tchadien. Pourtant, le patron des Transformateurs n’a toujours pas desserré les dents ! Même si chacun sait que le régime tchadien de Deby-fils reste comme celui de Deby-père, et pas en light !
La rédaction
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