Il y a une année déjà Damiba renversait Roch : La revanche du C-130 ?

Il y a une année déjà Damiba renversait Roch : La revanche du C-130 ?

«Inter arma enim silent leges» : nous disait Ciceron. « Quand les armes parlent les lois se taisent». Drôle de coup d’Etat que celui du 24 janvier 2022 qui renversa le premier président civil élu et réélu depuis 1960.  Exceptée la situation sécuritaire, il y a un air du déjà accompli : celui de 1999 en Côte d’Ivoire avec Bédié, tombé par «les jeunes gens» conduits par le patron du commando invisible (IB) qui placeront à la tête du pays le général Robert Gueï, mais il y a loin les  raisons objectives qui ont contribué à chuter Roch à celles qui chassèrent Bédié.

Les armes ont donc parlé ce 24 janvier 2022. Il y avait donc outre les revendications corporatistes, celles liées plus spécifiquement aux conditions de combat sur le terrain. La goutte d’eau ? Inata évidemment !

Que s’est-il passé à Inata, pour qu’une soixantaine de gendarmes perclus pendant des semaines dans leur casernement, appelant au secours en vain finissent par être massacrés ? Pourquoi la relève ne s’est pas faite en bonne et due forme ? Peut-être un jour saura-t-on la «vraie» vérité, il y a certes eu un rapport sur ce drame, mais qui est demeuré dans les arcanes du pouvoir … et Inata est toujours nimbé de mystère ! En ce 14 novembre 2021, ce qui s’est passé à Inata s’inscrit dans la longue litanie de Koutoukou et de Solhan.

Déjà, la rue grondait, chauffée à blanc par les pêcheurs en eau trouble, et tous ceux qui semblent se repaître de la tambouille sécuritaire du Burkina Faso.

Marches et sorties médiatiques pour réclamer carrément un coup d’Etat étaient légion. On appelait ex cathedra l’armée à faire un coup d’Etat. Naïveté ou ignorance, lorsqu’il y a un putsch, ce ne sont pas les marcheurs ni les manifestants civils qui choisissent le putschiste. C’est le militaire qui a le jarret ferme, la puissance de feu, et l’argent (oui, il faut des sous pour ça) qui prend le pouvoir, surtout dans l’ambiance du Burkina de 2022, où le régime du MPP était cerné de toutes parts, et manifestement, Roch avait constamment les yeux rivés sur le pare-brise. Les Burkinabè qui réclamaient de renverser Roch pensaient-ils que ce sont eux qui choisiront le militaire-putschiste ? Ça ne marche jamais ainsi, car entre les civils et les militaires, il y a quelque chose de fondamental qui les sépare : l’esprit de corps et le rapport de force !

Incapacité à solutionner le terrorisme, tel est en expression ramassée, la justification donnée lors du pronunciamiento lu à la télévision nationale par le jeune capitaine  d’aviation Sidsoré Kader Ouédraogo.

Voici venus les jours de Damiba qui, rapidement a appris à habiter la fonction. Mais si en 8 mois, on a senti dès le départ qu’il voulait en finir avec le terrorisme, il a vite privilégié après la gouvernance administrative, saupoudrée de quelques sorties sur le terrain, pour essayer d’être proche de la troupe. Il l’était dans une certaine mesure, mais hélas, les lambris dorés de Kosyam ont pris après  le dessus, doublé d’une mauvaise approche dans le domaine de la réconciliation.

En 8 mois, quelques bonnes idées, mais de nombreuses bourdes et une suprême faute : une inertie dans la lutte sécuritaire. Les mêmes causes qui semblaient brider les initiatives de Roch ont rattrapé Damiba, lequel sera à son tour déposé par ceux qui l’avaient fait roi : les  capitaines qui ont décidé de prendre leur chose. 8 mois, c’est trop infime, mais en l’espace de ce temps, ce pour lequel il a renversé Roch qui l’avait d’ailleurs promu 45 jours plus tôt, cette raison ou plutôt ce grief (insécurité) Damiba ne l’a pas corrigé. L’histoire apocryphe sans doute veut d’ailleurs qu’à l’orée de sa nomination, certains ont tenté de dissuader Roch de la faire. Vrai ou faux ?

Mais, si on prend les 8 mois de Damiba plus les 4 mois d’IB, on constatera que si le régime de Roch était d’une faiblesse notable vers la fin de son 1er mandat et le début du second, et ce, malgré la situation qui s’était aggravée, il y avait de plus en plus des tentatives de réplique. Mais ce qui est réel c’est qu’ en 8 mois, 2 coups d’Etat ont eu lieu au Burkina.

L’aggravation de la crise sécuritaire, le marasme économique et la baisse de l’investissement public laissaient penser qu’une autre forme de l’implication des militaires dans la gestion de la cité pourrait être meilleure. Même si notre crédo demeure que le militaire, c’est la caserne Damiba aura suscité un espoir  vite retombé comme un soufflet ! Roch finalement s’en tire un peu mieux. Les micmacs militaires liés à la sécurité ne lui sont pas imputables exclusivement et il est en partie réhabilité (ayant été président, il demeure responsable constitutionnellement) car lui, entretenait l’illusion d’un Etat qui fonctionnait plus ou moins bien ! Mais, il y a comme une sorte de revanche du président diesel ou C-130 qui sonne sous reserve d’inventaire avec le temps.  

La Rédaction

 

COMMENTAIRES

WORDPRESS: 0
Aujourd'hui au Faso

GRATUIT
VOIR