Imminente démission du premier ministre : Sylvestre Ilunga en RD Congo ? Kabila pourrait appuyer sur la «gâchette de l’Afrique»

Imminente démission du premier ministre : Sylvestre Ilunga en RD Congo ? Kabila pourrait appuyer sur la «gâchette de l’Afrique»

Des députés au sein de l’hémicycle qui appelaient hier à «libérer le Congo», tandis que dehors des militants du FCC et du CACH se livraient à une foire d’empoigne, le FCC rejetant les décisions de Tshisekedi jugées «inconstitutionnelles et de nul effet, visant à créer une fausse crise», alors que le président de la République Félix Tshisekedi avait un aparté tendu de 30 minutes, apparemment l’ultime, avec le premier ministre Sylvestre Ilunga, vraisemblablement pour lui dire de rendre le tablier. Sitôt après ce tête-à-tête, on apprenait que Joseph Kabila aurait passé un coup de fil au même chef du gouvernement pour lui dire de démissionner sans autre forme de procès, l’histoire s’est accélérée ces 48 heures en RD Congo, en fait depuis l’annonce du chef de l’Etat de rechercher une nouvelle majorité par un informateur ou dissoudre le parlement.

C’est la fin d’un mariage de raison datant de janvier 2019, qui se termine ainsi piteusement, sans la moindre manifestation d’amour même insipide, tant les houleuses scènes de ménage ont jalonné cette Union. Fin donc de l’attelage entre les deux têtes qui cornaquaient la RDC. Place à plusieurs scénarios, tous dépendant de qui sortira vainqueur de cette guerre déclarée, entre Tshisekedi et Kabila.

En quête de cette introuvable majorité, qui inhibait ses actes, Félix Tshisekedi a donc pris un risque qu’on espère calculé, de taper dans la fourmilière FCC-CACH, qui était tout sauf une coalition en sa faveur.

Deux ans de mandat pour rien, puisqu’à l’heure du bilan à mi-étape, Tshisekedi, n’a pas grand-chose à présenter à ses mandants. Rester dans cette coalition-camisole de force équivaudrait à se retrouver en 2023 avec zéro bilan, et ne prétendre à aucune ambition.

Cap 2023 ! C’est déjà la bagarre pour cette échéance que guigne également Kabila Jr. On attend d’ailleurs la réaction de ce  dernier qui ne devrait pas tarder à se manifester, politiquement et même par les muscles.

Ayant les principaux gouvernorats sous sa coupe, l’armée, l’Exécutif et le parlement, le fils de Mzee a sur le papier et sur le terrain une suprématie réelle sur le président Tshisekedi. Va-t-il installer une situation kafkaïenne en RDC, pour contraindre Tshisekedi à rétropédaler ? La violence ayant toujours été un instrument dont usent et abusent les dirigeants congolais, dont Kabila, il faut craindre une possible déflagration dans les prochaines semaines.

La «part de vérité de Kabila» qu’il devra faire savoir incessamment, pourrait n’être que l’arbre qui cache la forêt. Kabila pourrait appuyer sur cette «gâchette de l’Afrique» qu’est la RDC comme le disait Frantz Fanon. C’est-à-dire essaimer la violence.

Tshisekedi devra aussi savoir qu’on ne fait pas la politique avec des soupirs et des mesurettes, s’il doit pécher pour garder le pouvoir, il doit pécher bruyamment quitte à faire acte de contrition devant la CENCO après. La conférence épiscopale saura lui pardonner peut-être si c’est dans l’intérêt supérieur du pays.

Et les issues pour lui d’échapper au courroux et aux pièges de Kabila, il n’y en a pas beaucoup : il devra se rapprocher de celui qui est considéré comme le véritable vainqueur de la présidentielle, Martin Fayulu, lequel devra, mettre de côté son amertume et l’aider. Tshisekedi devra aussi, face à cette bataille inévitable avec Kabila, avoir les Bemba, et autre Katumbi comme alliés. En clair, tous ceux jadis ou récemment  ont mal pris l’accession au pouvoir de Kabila fils en 2001, devront faire front autour de Tshisekedi. Quitte après à réveiller entre eux, leurs bagarres byzantines. C’est la seule voie étriquée pour l’actuel président d’envisager 2023 sans peur et à moindre risque.

Zowemanogo ZOUNGRANA

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