Impeachment du général Salah contre Boutef en Algérie : Petit pas vers El Mouradia ou coup de pouce à la Révolution joyeuse ?

Impeachment du général Salah contre Boutef en Algérie : Petit pas vers El Mouradia ou coup de pouce à la Révolution joyeuse ?

Le général Gaïd Salah en apparence ne veut chausser ni les rangers d’un Houari Boumediene au Maghreb, ni ceux d’un Eli Ould Vall de Mauritanie ou un Salou Djibo du Niger. Certes, il sait que tous les Algériens et le monde ont le regard tourné vers sa corporation, gardienne de la République, pour ne pas dire de  ce pouvoir vieux de 20 ans. Il sait également les supputations nombreuses, ses gestes épiés, auscultés, pesés au trébuchet. D’où ses sorties calculées, responsables et durement muries, qu’on peut séquencer en 2 phases:

A commencer par cet Acte II de Salah dans lequel il déclare le président Abdelaziz Bouteflika «inapte» à gouverner.

C’est un impeachment qui ne dit pas son nom à condition que les 12 grands juges du Conseil Constitutionnel soient d’accord sur l’actualité de l’article 102

Après l’acte I qui a consisté à refroidir les ardeurs de certains manifestants qui rêvaient d’un printemps sur le tard, le voici, carrément, qui signifie à son mentor de prendre congé de la République.

L’inaptitude dans l’armée est claire : on n’est pas compétent pour le job. En politique, l’acception est voisine de celle des militaires, encore qu’en politique, rentrent en ligne de compte de nombreux facteurs. Et pour le cas de Boutef, l’outrage du temps c’est-à-dire l’âge du capitaine, 82 ans, la maladie, l’usure du pouvoir, et la situation de précarisation des Algériens, rendent la prescription du général Salah imparable.

En déclarant Boutef impotent, ce qui est vrai, et c’est ce que serinent tous les manifestants d’Alger, d’Oran, de Constantine, et qui justifie leur exigence matricielle, le ‘’Bouteflika dégage’’, en déclarant donc celui qui l’a fait chef suprême, incompétent, le Gl Salah entérine donc la raison principale de cette révolution joyeuse. Surtout, sortant de la bouche du véritable n°2 du système Bouteflika, cette «impotence» prend tout son relief et donnera des ailes aux Algériens. Le message n’est pas subliminal, il indique la porte à Boutef.

A présent, après cet acte II, quels scenarii possibles ou probables ?

1) Le phalanstère bouteflekiste cède, et s’en va avec le vieil homme perclus par les séquelles de l’AVC, ouvrant la voie à des élections rapides, au printemps, ou en été, et rapidement, via les urnes, les Algériens se remettront à espérer, quel que soit celui à qui ils donneront l’onction des urnes.

2) Le système tente une résistance forcément absconse et risqué et l’armée passe aux actes, en assurant une transition stable gage d’élections transparentes et acceptables.

En renvoyant Bouteflika, à l’article 102 de la Constitution, dont les clauses correspondent bien à la situation actuelle (vacance de poste, nécessité d’organiser des élections pour éviter le vide constitutionnel), le chef d’état-major de l’armée, endosse le costume d’un républicain, d’un légaliste, qui veut coute que coute s’en tenir à la Loi fondamentale.

Le général Gaïd Salah signifie par là aussi la fin d’une histoire entre un patient et des généraux commencée il ya 6 ans.

Reste que tout comme l’enfer, les rues algériennes sont  pavées de bonnes intentions, mais attention car  ses compatriotes sont dans une incrédulité compréhensible, car ne prêtant pas foi ni à cette solution du général, ni aux capacités du conseil constitutionnel à aller jusqu’au bout des exigences du peuple.

N‘empêche que Salah a le mérite de vouloir coute que coute accompagner le changement tout en restant dans la légalité, c’est-à-dire dans les casernes. Réussira-t-il ce que d’aucuns appellent déjà un funambulisme politico-militaire ? 

Zowenmanogo ZOUNGRANA

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