Cramé, parti en fumée, dans la nuit du 17 au 18 mars dernier, les feux ont réduit le grand marché Madina de Conakry en cendres. Pour qui connaît ce marché, il est la copie conforme de marchés qu’on peut trouver à Ouaga, Bamako, Lomé… des villes d’ailleurs, où des autodafés de même acabit ont renduit des hangars installés anarchiquement en poudre, et faisant tomber en faillite pas mal de commerçants.
Régulièrement en effet, si ce n’est pas un petit marché, ou une ribambelle de kiosques alignés qui prennent feu, c’est carrément un grand marché africain qui vole en fumée. Ces feux peuvent être accidentels ou criminels tels à Lomé. Au marché de Madina, où des commerçants sont serrés comme des boîtes de sardine, avec des installations anarchiques, avec des mégots de cigarettes qu’on jette à tout de champ, cet incendie n’est pas une surprise, car, il faut d’abord que les commerçants se disciplinent. Il y a plus d’une dizaine d’années le marché Rood-Woko de Ouagadougou a connu un sort similaire, et il a fallu cet incendie pour qu’un nouveau complexe soit érigé, en lieu et place, des anciens lieux où à la moindre flamme, même les sapeurs pompiers ont du mal à se frayer un chemin pour circonscrire le feu. D’ailleurs, toutes les bouches d’aération étaient bouchées, les portes de secours encombrées de boutiques, bref, Madina vit ce que Rood-Woko a vécu en mai 2003. Ceci étant posé, l’Etat guinéen est aussi interpellé, car en général, c’est la municipalité où le Ministère du commerce, via une structure ad hoc qui gère généralement les marchés. Il appartient à la mairie de Conakry de mettre de l’ordre, à partir de ces décombres fumantes, afin que le marché nouveau qui sera érigé réponde à certaines normes sécuritaires. Faire le commerce, se faire de l’argent, du business, n’est pas incompatible avec un marché, avec des règles claires et strictes en matière sécuritaire. Tout comme à Ouagadougou, où à l’époque, le maire Simon Compaoré avait réussi la prouesse, au prix d’un bras de fer avec les commerçants, à faire ériger l’actuel marché Rood-Woko, Conakry doit faire le même, car aujourd’hui, c’est le marché Madina, demain, ce sera le marché Niger et ainsi de suite, les mêmes causes produisant les mêmes effets.
La Rédaction
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