Inculpations de Boubeye Maïga et de Bouaré Sissoko au Mali : Deux gros poissons dans la nasse de la justice malienne

Inculpations de Boubeye Maïga et de Bouaré Sissoko au Mali : Deux gros poissons dans la nasse de la justice malienne

Les choses sont allées vite et très vite. Classée sans suite en 2018, l’affaire est donc réouverte, car de nouveaux éléments ont été obtenus, et en justice la découverte des indices ou preuves ou enquêtes complémentaires suffisent amplement pour ressusciter un dossier. Hier jeudi 26 août 2021, au lendemain de leurs auditions par le juge et l’enrôlement de l’affaire dite de l’Avion présidentiel, Soumeylou Boubeye Maïga, ex-premier ministre d’Ibrahim Boubacar Keita, a été interpellé dans la matinée de ce jeudi 26 août par le procureur général près la Cour suprême de Bamako dans l’affaire dite de «l’achat de l’avion présidentiel et des équipements militaires de plus de 130 milliards de francs CFA». Il a aussitôt été placé sous mandat dépôt. Avec lui, Bouaré Fily Sissoko, ministre de l’Economie de l’époque, également inculpée par la même juridiction.

Soumeylou Boubeye Maïga doit répondre de cinq chefs d’inculpation: faux, corruption, favoritisme, abus de confiance et trafic d’influence. Quant à Bouaré Fily Sissoko, elle est inculpée d’atteintes aux biens publics, faux et usage de faux, favoritisme, népotisme et corruption.

Comme nous l’écrivions dans notre livraison d’hier, cette sombre affaire qui porte respectivement sur

20 milliards de francs CFA pour acquérir un avion présidentiel en 2014 et des dizaines de milliards de contrats illicites et léonins pour des équipements militaires, ne pouvait rester sans suite dans ce pays sous régime de Transition.  Ayant promis de nettoyer les écuries d’IBK, les hommes forts de Bamako Assimi Goïta en tête ont besoin d’actes forts, de signaux très lumineux, pour convaincre le peuple malien que la Transition est l’avènement d’une nouvelle ère, qui consiste à implémenter de nouvelles mœurs politique, économique et social, en déphasage avec les pratiques du régime déchu.

Il s’agit pour les dirigeants de la transition de donner des gages d’une nouvelle dynamique dans la gestion de la chose publique en se saisissant des dossiers emblématiques de crimes économiques qui ont déchainé les passions et suscité l’indignation sous le régime IBK.

On peut s’interroger sur les objectifs cachés de  ce groupe de colonels venus de Kati qui préside à la destinée du Mali depuis un an (août 2020), mais laisser une telle affaire impunie serait suicidaire dans la mesure où les faits semblaient accablants pour l’ex-premier ministre.

Et quoi de plus normal que de juger et d’embastiller les supposés ripoux en col ou boubou blanc ?  Après ce gros lièvre que la justice malienne vient de lever, plus rien ne devrait en principe arrêter la machine judiciaire mise en branle pour faire rendre gorge à tous ceux qui au moment de leur passage à des postes de responsabilité, ont confondu leur poche avec le contenu des deniers publics.

Alors doit-on comme le soupçonnent les plus sceptiques, s’inquiéter que les nouveaux maîtres de Bamako se lancent dans une chasse aux sorcières ou s’agit-il d’une opération «Mains propres» ?  A cette étape, nul ne saurait y répondre avec précision. Mais l’ouverture de ce dossier est aussi une aubaine pour Boubeye Maïga de s’expliquer et de  justifier son action dans cette affaire devant une juridiction de son pays. S’il advenait qu’il est blanc comme neige, il pourra laver définitivement son honneur. Pour ce faire, il devra arrêter de s’apitoyer sur ce qui lui arrive en préparant et en murissant sa ligne de défense pour contrer l’accusation lors des prochaines audiences.

La rédaction

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